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La Presse Francophone d'Égypte numérisée - PFEnum
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Article : 200 ans de presse francophone en Égypte
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200 ans de Presse Francophone en Égypte

Jean-Yves Empereur
Mars 2008

Si j’étais né un siècle plus tôt, dans la même famille, dans le même pays, je n’aurais sans doute pas été journaliste au Monde mais au Sémaphore d’Alexandrie (…)
Pour écrire ce roman, je me suis plongé dans l’Egypte des années 1860-1880. J’ai lu des dizaines d’ouvrages, d’innombrables documents et articles de journaux de l’époque. Notamment la collection complète du Progrès égyptien, un hebdomadaire éphémère édité à Alexandrie.

Robert Solé, introduction à son roman Le Sémaphore d’Alexandrie, Paris, Le Seuil, 1997.

1 - La place de la langue française en Égypte

La langue française a une place particulière en Égypte. Vers la moitié du 19ème siècle, le français a rapidement remplacé l’italien, qui était la langue d’échange du temps de Mohamed Ali (1) et, dans l’Alexandrie cosmopolite, le français devient la langue intercommunautaire, bien devant l’arabe et l’anglais. Le Khédive Ismaïl en fait la langue d’une partie de l’Administration égyptienne dans les années 1860. Ce phénomène s’amplifie après la mainmise des Anglais sur l’Égypte : le recours au français permet d’éviter de communiquer dans la langue de l’occupant, signe de résistance culturelle si ce n’est politique. Un élan supplémentaire et décisif à l’épanouissement du français est donné par la loi française de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Les ordres enseignants installés en France, sans compter les Jésuites qui avaient été expulsés de France quelques années auparavant, essaiment vers le Proche-Orient et ouvrent collèges et lycées : rappelons que dans la seule Alexandrie, encore aujourd’hui, les établissements religieux tenus par des ordres français prospèrent aux côtés du Lycée français, et qu’au moins 12.000 élèves suivent une bonne partie de leur cursus en français. Ces écoles forment autant de lecteurs potentiels pour une presse francophone encore bien vivante aujourd’hui.

2 - Les premiers journaux étrangers en Égypte

L’imprimerie est arrivée très tard en Égypte si l’on compare aux pays voisins : c’est à Bonaparte que l’on doit d’avoir le premier importé une presse. Nous sommes en été 1798, alors que Constantinople a connu sa première imprimerie en 1480 et la première presse en caractères arabes fut par la suite installée à Istanbul en 1727, tandis qu’au Liban on imprimait en syriaque et en arabe depuis le début du 17ème siècle (2) . Bonaparte a compris le rôle de la presse comme propagande. Aussi il a pris le soin d’importer trois jeux de caractères, latins pour s’adresser à ses troupes ; arabes pour les populations occupées ; grecs pour les études des Savants qui l’accompagnaient dans son expédition. Les deux publications, le Courrier d’Égypte et la Décade égyptienne marquèrent pendant trois ans le véritable début de la presse en Égypte et particulièrement de la presse francophone  dans ce pays (fig. 1 et 2), frappant l’imagination des contemporains, tel le lettré Djabarti qui s’étonne que les Français « rassemblent quotidiennement des informations qu’ils impriment par la suite en plusieurs exemplaires distribués au sein de leur armée, partout dans le pays, afin de diffuser les informations de la veille auprès des plus dignes comme auprès des plus misérables soldats » (3) .

Courier d'Égypte n°116

Le Courrier de l'Égypte

Pendant 3 ans, ce périodique a paru tous les 5 jours (puis, vers la fin, tous les 10 jours) sur 4 pages dans un petit in 4° (20 x 14 cm). Sa mission était de donner des (bonnes) nouvelles de l’occupation du terrain égyptien par les troupes françaises ainsi que les ordres et proclamations de Bonaparte, puis des généraux Kléber et Menou. Il fournissait aussi des informations sur les événements qui se déroulaient en France, dans le but de « Conserver les liens affectifs des militaires et des membres de la mission scientifique avec la France ». Le Courrier de l’Égypte a paru du 12 Fructidor de l’an VI de la République, soit le 29 août 1798, pour s’interrompre avec le n°116 (celui qui est représenté ici), le 20 Prairial de l’an IX, soit le 9 juin 1801. En fait un dernier numéro paraît le 9 Messidor de l’an IX, soit le 28 juin 1801, mais sans le titre : c’est la « Convention pour l’évacuation de l’Égypte par le corps des troupes de l’armée français et auxiliaires », signé par le Général de division Belliard.

fig.1 : Couverture du dernier numéro du Courrier de l’Égypte
Archives CEAlex.

À noter, afin de régler une vieille histoire, que les deux orthographes Courrier et Courier (avec un seul ‘r’) apparaissent, mais contrairement à ce qu’écrit Gamil 1993, p. 71-72, ce n’est donc pas pour « lancer la florissante tradition des coquilles » ! À l’époque, les deux orthographes rivalisaient (tout comme en anglais, où la graphie ‘Courier’ avec un seul ‘r’ a prévalu). On trouve ainsi d’autres titres contemporains avec un seul ‘r’, comme le Courier français de 1789 et le Courier de Provence en 1789-1791, etc. Un autre débat porte sur le nombre de numéros parus : nous confirmons le chiffre de 116, comme l’écrit déjà Wassef 1975, p. XIII-XIV, mais il faut y ajouter le supplément non numéroté de la Convention d’évacuation.
Décade égyptienne, volume 3

La Décade Égyptienne

Les 916 pages de ces livraisons furent publiées entre 1798 et le 21 mars 1801 (tous les 10 jours puis, à partir du 2ème volume tous les mois et tous les trimestres pour le 3ème). Ce journal littéraire et d’économie politique livrait des travaux des Savants de l’Institut d’Égypte qui complétaient les nouvelles militaires données par le Courrier de l’Égypte.

fig 2 : Couverture du troisième et dernier volume de La Décade égyptienne publié à l’Imprimerie nationale du Caire, en l’an VIII, qui commença le 23 septembre 1799. Archives CEAlex.

Il était nécessaire de saluer la naissance de la presse égyptienne, mais, à vrai dire, ces deux essais dus à l’occupation française ne laissèrent pas d’héritiers après le départ du corps expéditionnaire. Il faut attendre 26 ans pour que paraisse le journal suivant, L’Écho des Pyramides et encore ne compta-t-il que 4 numéros. Le tableau, ci-joint, avec l’ensemble des titres de la presse francophone d’Égypte tel qu’il a pu être dressé à ce jour, montre que les journaux qui suivirent ne furent créés qu’à partir du règne de Saïd pacha (1854-1863). Fait notable, la presse arabophone fut lente à émerger, comme le souligne Philip Sadgrove : « At the beginning of Khedive Ismâ’il’s reign in Egypt whilst the arabic press was moribund, there where at least eleven European language journals regularly appearing in Italian, French and Greek » (4). Une explication : les Étrangers « profitèrent des espaces de liberté assurés par la protection consulaire », selon  l’expression de Robert Ilbert (5). En d’autres termes, à la différence des sujets égyptiens, un Étranger pouvait éditer un journal sans avoir besoin d’un permis : une simple déclaration suffisait. L’on ne jouait pas avec ces principes. Nubar pacha, premier ministre, l’apprit à ses dépens : voulant défendre le gouvernement attaqué par le journal Le Bosphore égyptien à la fin des années 1870, il dût se rétracter devant l’offensive des consuls (6).

Les journaux des années 1860 furent d’abord italiens et grecs (7)  : L’Avvenire d’Egitto, L’Eco d’Egitto et le Trombetta, alors que la plus grande école d’Alexandrie était le collège italien, mais peu à peu les frères salésiens et les Sœurs de la Providence commencèrent à ouvrir des établissements d’enseignement en français qui connurent un succès grandissant. Aussi les journaux en italien, tels le Manifesto Giornaliero, Il Popolo et d’autres encore (8) inaugurèrent une formule mixte, avec des pages alternées en italien et en français (9). La presse francophone commença à prendre son essor : tandis que le premier journal en langue anglaise ne fut créé qu’en 1864, pas moins de 33 publications francophones virent le jour entre 1863 et 1882, entre le début du règne du francophile Ismaïl Pacha et la révolte nationaliste d’Orabi Pacha, puis le bombardement anglais d’Alexandrie qui s’ensuivit avec, pour conséquence, la mainmise britannique sur l’Égypte. Des journaux en français furent créés par des Français, mais aussi par des Égyptiens, par des Syro-Libanais (10), par des Grecs (11), par des Arméniens (12). Même les Anglais sont contraints de s’y mettre : dans les années 1880, l’Egyptian Gazette, journal qui véhiculait le point de vue de l’agence britannique menée d’une main de fer par l’impérieux Lord Cromer, imprimait une édition en français en vue d’accroître son faible lectorat.

            Ce recours à la langue française ne reflète pas l’importance des communautés, loin s’en faut : en 1897 eut lieu un des premiers recensements fiables (13). Il en ressort que trois fois plus de Grecs vivent à Alexandrie que de Français et deux fois plus d’Italiens que de Français. Même les Anglais dépassent de loin la colonie française : sur une population totale de 319.766 Alexandrins, on compte seulement 5.221 Français, contre 8.301 Anglais, 11.743 Italiens et 15.182 Grecs, les 273.647 Égyptiens formant l’écrasante majorité de  la cité (14) , les Juifs et les Syro-Libanais se répartissant entre sujets égyptiens et différentes nationalités étrangères.

3 - Les chiffres de la Presse francophone d’Égypte

Afin de juger de l’importance de la presse francophone en Égypte, il conviendrait de mettre en face les titres des publications dans les autres langues et de disposer des données sur  leur durée de vie et sur l’importance de leur tirage.

Le nombre de titres

Sur ces 209 ans de Presse francophone d’Égypte, de combien de journaux et revues francophones parle-t-on ? Comme le montre le tableau n°I, nous avons pu dresser une liste provisoire de 201 titres francophones en Egypte depuis l’importation de la première presse. Ce même tableau, recense 41 périodiques entre 1827 et 1882 ; 66 entre 1882 et 1917 ; 67 entre 1918 et 1941 ; 25 depuis 1945. On assiste donc à une montée progressive jusqu’à l’acmé des années 1870 à 1930. Comme le rappelle Lucile Arnoux-Farnoux, « pour l’année 1937, Robert Solé cite le chiffre de 200 périodiques en langue arabe et 65 en langue étrangère au Caire,  dont 45 en français ; à Alexandrie, il est question de 20 titres français sur 31 titres étrangers. Il y aurait donc plus de 300 périodiques en tout, rédigés dans une dizaine de langues, dont 65 en français » (15) . Les années qui suivent la Seconde guerre mondiale sont moins fécondes et surtout l’élan est freiné par la Révolution de 1952, même si les rares titres qui survivent ont su garder un lectorat fidèle.

Les tirages

Sur les tirages des journaux, il existe peu d’informations disponibles. Jean-Jacques Luthi indique qu’au moment de sa disparition en 1895, Le Bosphore égyptien tirait à plus de 500 exemplaires, « ce qui était remarquable à l’époque » et semblait en faire une affaire profitable (16). Quant à Alexander Kitroeff, il fait état de quelques chiffres fournis par le Bureau de Presse Égyptien pour la presse hellénophone en 1929 (17). Les tirages sont hauts, avec deux quotidiens, le Kairon et le Tachydromos qui tirent à 10.000 exemplaires. Ces tirages sont d’autant plus importants qu’ils devaient être lus rarement en dehors du milieu hellénique orthodoxe. C’est certainement l’un des points qu’il faudra travailler, si l’on veut juger de l’importance relative de cette presse étrangère, comparer les usages intra et extracommunautaires et pouvoir estimer quelle presse était lue par plusieurs communautés,  y compris par les Égyptiens.

Notons au passage les chiffres donnés par Gilles Kraemer pour les journaux francophones encore en vie (18)  :
- Al-Ahram Hebdo 1997 : tirage officiel 100.000 moitié en Égypte, moitié à Francfort (envoyé par voie électronique).
- Le Progrès égyptien et le Progrès dimanche : de 8.000 à 15.000, avec une déclaration officielle de 11.000.

4 - La mémoire perdue

Comme le souligne Jean-Jacques Luthi, « l’on pourrait composer une anthologie très convenable avec ce qui a été publié de meilleur dans ces revues ». Mais, ajoute-t-il, elles sont « perdues en grande partie, parce que mal conservées » : en effet, le dépôt légal n’existe en Égypte que depuis 1945 et, en conséquence, les collections antérieures à cette date sont fort difficiles à trouver et à consulter. Et lorsque les collections existent, il est malheureusement triste de voir dans quel état elles se trouvent. Il suffit de visiter le dernier étage de la Bibliothèque municipale d’Alexandrie pour se persuader de l’importance des dégâts : le plafond de la salle des périodiques est fissuré et les pluies d’hiver sont en train de détruire des collections soigneusement reliées par des générations de conservateurs. Il s’agit donc d’un véritable travail d’urgence, voire de sauvetage (19).

5 - Les journaux, fabrique de mémoire

Que nous apporte l’étude de cette presse francophone ? Les intérêts sont divers, outre l’histoire d’un certain journalisme, depuis l’histoire des communautés et leur analyse de leur situation par rapport au reste de l’Égypte ; le français est langue de culture, mais aussi celle des affaires et souvent celle de la politique.

D’une façon qui pourrait paraître paradoxale, c’est aussi largement par la lecture de cette presse francophone que l’on peut mesurer la montée du nationalisme égyptien, les journaux en arabe étant souvent soumis à une censure plus tatillonne : ainsi avec la revue Le Réveil égyptien ou La Réforme (fig. 6), qui paraît de 1876 jusqu’au début des années nassériennes. Ces quotidiens francophones peuvent servir de fil conducteur pour l’histoire politique et les comportements sociaux. Il faut suivre le renouveau de l’étude sur la presse étrangère dans les pays occupés comme la Tunisie : on peut prendre exemple sur Fayçal el-Ghoul qui utilise les journaux francophones de Tunisie des années 1920-1930 pour analyser les images que les Français se donnaient d’eux-mêmes et des autres communautés qu’ils côtoyaient et de l’Autre, i.e. les Tunisiens (20).

la reforme illustrée, janvier 1951 L’histoire économique peut être appréhendée par des journaux spécialisés comme La Bourse égyptienne mais aussi L’économiste, Le Commerce, L’avenir commercial de Post-Saïd (sic !), etc., mais aussi l’histoire de la publicité (avec Le Moniteur de la Publicité en Égypte), du graphisme, de la vie mondaine des communautés (La Réforme illustrée), de l’agriculture (Bulletin mensuel de la Société d’Agriculture), le droit et son usage (La Gazette des Tribunaux, La jurisprudence –titre d’une publication paraissant 3 fois par semaine entre 1876 et 1889- ou encore l’éphémère Revue internationale de législation et de jurisprudence musulmanes 1895-1896), mais encore de la médecine, du sport, de la vie littéraire et de la création artistique : histoire du théâtre et du cinéma égyptiens, mais aussi des programmes au jour le jour des pièces, opéras et films joués et projetés dans les salles (Cinégraphe Journal dès 1913), y compris avec les réactions des spectateurs. On se reportera aux fines analyses auxquelles s’est livré Jean-Yves Tadié à partir des chroniques de la Réforme illustrée (21).
fig. 6 : Couverture de La Réforme illustrée, périodique mondain publié à Alexandrie. Ce numéro inaugure l’année 1951.
Archives CEAlex
L'Égyptienne, mars 1927 Une autre Histoire que l’on peut aborder est celle du féminisme égyptien avec Le Lotus d’Alexandra Avierino qui, dès 1901, prône l’émancipation de la femme égyptienne, « puis avec Hoda Chaarawi, la célèbre féministe égyptienne, première femme musulmane à oser se dévoiler, fonde en 1924 L’Égyptienne, revue mensuelle de « politique – féminisme – sociologie – art », comme l’annonce la couverture, organe de l’Union féministe qu’elle dirige » (22).
Là aussi, un même intérêt pour cette réminiscence de ce féminisme arabe qui s’exprime en français se développe en Tunisie, avec cette superbe réédition d’un périodique tunisois, Leïla, revue illustrée de la femme, 1936-1941 (23) et des ponts devront être jetés.
Couverture du n°24 de la troisième année (mars 1927) de L’Égyptienne qui se définit comme une Revue mensuelle, Féminisme, Sociologie, Art. Fondé par la célèbre féministe égyptienne Hoda Charaoui. Archives CEAlex.

C’est le rôle des éphémérides que de conserver les événements ponctuels qui ne sont repris nulle part ailleurs. Malgré son nom, le journal n’est pas éphémère : c’est un lieu de fabrication quotidienne de mémoire. Et c’est en cela qu’ils intéressent aussi la communauté des archéologues dont je fais partie. Je prendrai un seul exemple : les découvertes du pionnier de l’archéologie sous-marine égyptienne, Kamal Abou el-Saadat, ne sont mentionnées dans aucun périodique scientifique. Pour retrouver ses travaux, menés à Alexandrie au début des années 1960, il faut lire les journaux de l’époque, seuls documents à avoir gardé trace de son activité, notamment sur le site du Phare d’Alexandrie, sur lequel il avait été le premier à plonger, là-même où notre équipe du CNRS allait être appelée à entamer une fouille, plus de trente ans après lui.

6 - La numérisation de la Presse francophone d’Égypte

Pour tenter de réparer cette perte documentaire, nous avons entrepris une numérisation de la presse francophone d’Egypte. Avec le soutien de la Région PACA, notamment son département de coopération décentralisée et avec le CICL, le Centre Internationnal de Conservation du livre installé à Arles et dirigé par Stéphane Ipert (24), nous avons profité des progrès techniques pour commencer cette œuvre cumulative : mettre à la disposition de la communauté des chercheurs les journaux, revues, périodiques francophones publiés sur le sol égyptien, depuis le Courrier et la Décade égyptienne publiés par Bonaparte entre 1798 et 1801 jusqu’à la Réforme illustrée des années 1950.. Déjà plus d’une dizaine de milliers de pages sont disponibles, non pas en mode image, mais en mode de texte intégral, Le travail de numérisation est l’occasion de procéder à un dépouillement systématique de la Presse francophone d’Égypte, avec une indexation des articles et des thèmes traités et son Océrisation, la reconnaissance de caractères, qui permet l’interrogation sur tous les termes. Le résultat en est une version enrichie par rapport à l’original et l’intérêt que montrent les premiers utilisateurs pour cette entreprise nous encourage à poursuivre cet effort, avec un projet de récolement des collections qui ont survécu aussi bien en France qu’en Égypte.

un effort

Appuyant cette initiative, des particuliers, souvent originaires d’Alexandrie et ayant quitté le pays après la Révolution de 1952, mais aussi de nombreux Égyptiens francophones, viennent nous apporter des lots de journaux et de revues : c’est ainsi que nous avons hérité d’une collection d’une revue juive du Caire, consacrée à la littérature et particulièrement à la création poétique, Un effort, publié dans les année 1930-1940, qui ne figurait pour l’instant dans aucune de nos listes.

D’autre part, le marché de la toile offre bien des occasions d’acquérir des collections de journaux : c’est ainsi que nous avons pu acheter aux enchères sur E-Bay des lots entiers de périodiques francophones d’Egypte. Ce travail est mis en ligne de façon cumulative sur le site www.cealex.org

Couverture de la revue cairote Un effort, publié par un groupe d’essayistes juifs dans les années 1930. Archives CEAlex
Notes
(1) Cf. Josiane Boulad-Ayoub, « Le français comme langue de travail au Moyen-Orient », Colloque à la Bibliotheca Alexandrina (28-30 avril 2004), à consulter à l’adresse http://www.edph.auf.org/IMG/pdf/francltrav.pdf. L’Auteur rappelle que l’italien s’est implanté depuis des siècles grâce à la présence vénitienne et génoise. (retour)
(2) Wassef 1975, p. 3-4. (retour)
(3) Gamil 1993, p. 72. (retour)
(4) Sur cette lenteur de l’émergence de la presse arabophone, cf. Sadgrove 2005, p. 1 : il faut attendre 1875 pour l’apparition du journal Al-Ahram qui allait résister à toutes les tempêtes et subsister jusqu’à nos jours. Notons qu’une édition française, Les Pyramides, fut publiée par les mêmes frères, entre 1899 et 1914. (retour)
(5) Ilbert 1996, p. 138. (retour)
(6) Luthi 1999, p. 16 : l’incident avec Nubar pacha eut lieu avant 1879, date de son départ en exil à Paris. Voir aussi Sadgrove 2005, p. 7-8, à propos d’autres affaires similaires. (retour)
(7) Journaux grecs : O Kerdios Ermis (1862-1872 ?), I Aigyptos ((1862-1863 ?), cf. Sadgrove 2005, p. 6 . (retour)
(8) C’est le cas de L’Avvenire d’Egitto, déjà cité, dans les six derniers mois de sa parution, et de L’Argus. (retour)
(9) Sadgrove 2005, p. 5. (retour)
(10) Cf. note 4. (retour)
(11) Cf. Arnoux-Farnoux 2007, p. 154 : « En 1873, par exemple, Kosmas Nomikos crée le quotidien hellénophone O Favro" th" Alexandreiva", qui devient francophone l’année suivante sous le titre Le Phare d’Alexandrie, dirigé par Nikolaos Haïkalis jusqu’en 1905 puis par son fils Ioannis jusqu’en 1912. On peut citer également également la revue La Semaine égyptienne fondée au Caire par le Grec Stavros Stavrinos ». (retour)
(12) Le Bulletin financier fut fondé en 1865 par un Arménien catholique de Smyrne, E.P. Mirzan. (retour)
(13) Cf. Ilbert 1996, p. 363 note 15 et p. 759-761. Le recensement de 1897 est nettement plus fiable que ceux de 1848 et 1882. Arnoux-Farnoux 2007 développe la même analyse sur la modestie de la colonie française, en se fondant sur le recensement de 1927. (retour)
(14) Ilbert 1996, p. 138. (retour)
(15) Arnoux-Farnoux 2007, p. 154. (retour)
(16) Luthi 1999, p. 17. (retour)
(17) Kitroeff 1989, p. 190. (retour)
(18) Kraemer 2001, p. 255. (retour)
(19) Cette Bibliothèque Municipale dont Forster parlait déjà en 1922 est fermée depuis 2 ans, sine die de réouverture. Cf. E.M. Forster, Alexandrie, Paris, Quai Voltaire, 1963, p. 163. (retour)
(20) El Ghoul 2005. (retour)
(21)  Tadié 2007. (retour)
(22)  Arnoux-Farnoux 2007, p. 154-155. (retour)
(23) Boujmil 2007. Tout comme la revue de Hoda Charaoui, Leïla porte un sous-titre :« Périodique social – littéraire – artistique ». (retour)
(24) www.ccl-fr.org (retour)
Sommaire de l'article
1 - La place de la langue française en Égypte
2 - Les premiers journaux étrangers en Égypte
3 - les chiffres de la presse francophone d'Égypte
4 - La mémoire perdue
5 - Les journaux fabrique de mémoire
La numérisation de la presse francopone d'Égypte
mise en ligne : avril 2009
aujourd'hui :