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La Presse Francophone d'Égypte numérisée - PFEnum
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Colloque, juin 2011, Alexandrie

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Colloque international

Presse Francophone d'Égypte

Alexandrie, CEAlex, 3-4 juin 2011

Programme

Vendredi 3 juin 2011

9h30 : Jean-Yves Empereur « Accueil des participants. La PFE en 2011 »
Première séance : La numérisation de la PFE. État des lieux
10h : Gaël Pollin Visite de l'équipe de numérisation de la PFE, « 49 titres, 487 numéros, 15 678 pages »
10h30 : Danielle Guiraudios « Les nouveaux moyens d'interrogation de la PFE »
11h : Pause-café
11h30 : Arnaud Ramière de Fortanier « La presse du canal dans les collections de la Compagnie universelle »
Deuxième séance : L'histoire de la Presse Francophone d'Égypte et sa langue
12h15 : Gilles Kraemer « Les règles de la recherche en histoire de la presse (et leur application au projet PFE) »
13h : Alexandre Buccianti « Quel avenir pour la PFE ? »
14h : Déjeuner au CEAlex (8e étage)
15h30 : Louis-Jean Calvet et Stéphanie Léon « Analyse lexicale automatisée de la Presse Francophone d'Égypte »
Troisième séance : La Presse Francophone d'Égypte, reflet de l'histoire et laboratoire de la création littéraire
16h15 : Madiha Doss « La recherche sur la PFE à l'Université du Caire »
17h : Lucile Farnoux-Arnoux « La réception comparée de Cavafis dans la presse hellénique d'Égypte et la presse francophone d'Égypte »

Samedi 4 juin 2011

9h30 : Daniel Lançon « L'Égypte nouvelle (1ère série, 1921-26), l'exemple d'une revue politique et culturelle »
10h15 : Élodie Gaden « Les revues féminines-istes (L'Égyptienne, le Phoenix, la Femme nouvelle) et la réception du féminisme dans la presse (Images...) »
11h : Francesca Rondinelli « Continuité et rupture dans Un Effort, revue culturelle et intellectuelle de l'entre-deux-guerres »
11h30 : Pause-café
Quatrième séance : La presse Italophone d'Égypte et la presse Hellénique d'Égypte
12h : Efthimios Souloyannis « La presse hellénique d'Égypte. Une presse nationale »
14h : Déjeuner au CEAlex (8e étage)
15h30 : Alessandra Marchi « La question de l'Italianità dans la presse au tournant du XXe siècle. Maçons, anarchistes et défenseurs de la patrie en Égypte »
Discussion générale, Conclusions, Recommandations. Modérateur : Jean-Yves Empereur

Dimanche 5 juin 2011

Sous réserve
10h : Visite des collections de la presse à la Bibliothèque d'Alexandrie et du laboratoire mobile de numérisation du CEAlex


Interventions (résumés)

coursier

Les règles de la recherche dans l'histoire de la presse et leur application au projet PFE
Gilles Kraemer, docteur en sciences de l'Information, journaliste, attaché de coopération, auteur de Trois siècles de presse francophone dans le monde (L'Harmattan, 1995) et de La presse francophone en Méditerranée (Maisonneuve & Larose, 2001)

1. Les théoriciens et les praticiens

1. 1 : Travaux pionniers.
En dépit de quelques travaux pionniers (A. de Chambure, A travers la presse, T. Fert & Albouy & Cie,1914 ; G. Weill, Le Journal, origines, évolution et rôle de la presse, coll. évolution de l'humanité, 1934), les recherches en Sciences de l'information ont commencé par des études de la presse écrite, et notamment par l'histoire de la presse avec le Centre d'études scientifiques de la presse créé en 1946 qui fusionne avec l'Institut français de presse (IFP) et intègre l'université (Paris 2). Dès le début, tout ceci réunit des universitaires utilisant la presse comme sources historique (Jacques Godechot, Jacques Ozouf) et des journalistes diplômés, mais en marge de l'université (Jacques Kayzer, Claude Bellanger...). L'objectif n'est pas directement historique, mais de mener des études pour comprendre les mécanismes de l'information, décoder, quantifier des contenus qui obéissent à des règles propres à influencer le lecteur. Les historiens du politique veulent comprendre les mécanismes de l'opinion publique, la manipulation des foules, dans la foulée des études américaines de l'entre-deux-guerres et de l'immédiat après-guerre.

1.2. La méthodologie Kayser.
Jacques Kayser (journaliste, rédacteur en chef de La République, vice-président et secrétaire général du Parti radical socialiste, au comité central de la Ligue des droits de l'Homme, conseiller à l'ambassade de France à Londres pendant la guerre, siège dans les délégations française à l'ONU, Unesco, Conseil économique et social, directeur adjoint de l'IFP), travaille sur "Le quotidien français" paru après sa mort en 1963: une bible pour les chercheurs. Il rédige aussi de nombreux articles dont "L'historien et la presse". Sa contribution est surtout méthodologique (on parle de "méthode Kayser"):
Son ouvrage Le quotidien français proposait ainsi trois axes complémentaires permettant d’aborder l’étude des journaux quotidiens :
1. la « fiche signalétique en 15 points », destinée à recueillir et à rassembler le plus possible de renseignements à propos du titre étudié, de sa structure financière, des hommes qui le font vivre, de ses pratiques rédactionnelles ;
2. l’analyse morphologique, qui consiste à mesurer et à comparer l’espace occupé par les différentes composantes thématiques du journal ;
3. l’étude de la mise en valeur, fondée sur un système de notation des articles en fonction de leur emplacement dans le journal, de leur titraille, de la présence ou non d’illustrations.

1.3. Le chaînon manquant.
Ces approches, mais pas seulement, s'illustrent dans la monumentale Histoire générale de la presse française en 5 volumes publiée entre 1969 et 1976 par Claude Belanger, Jacques Godechot, Fernand Terrou (juriste, directeur de l'IFP et président de l'Association internationale d'études et de recherches sur l'information, devenue International association on media and communication researchs). Un volume 6 aurait dû être rédigé, consacré à la presse francophone hors de France selon Pierre Albert, ancien directeur de l'IFP, mais le manque de financement pour un secrétariat international afin de coordonner les contributions des différents chercheurs de par le monde l'en a empêché. L'expert égyptien qui devait rédiger l'article sur la presse francophone d'Egypte (PFE) était le Professeur Khalil Sabat, fondateur de la Faculté de communication de masse de l'Université du Caire, mort depuis.

Les quelques développements consacrés à ces questions, souvent très anciens d'ailleurs, ont davantage mis l'accent sur les méthodes à mettre en œuvre (et les pièges à éviter) que sur les orientations de fond prises par l'histoire de la presse. Voir notamment Georges Bourgin, « Essai sur l'histoire de la presse française », Bulletin du Comité international des sciences historiques, n° 22, 1934, p. 26-70 ; Jacques Kayser, « L'historien et la presse », Revue historique, n° 218-2, 1957, p. 284-309 ; Pierre Guiral, « Problèmes d'histoire de la presse », Revue d'histoire moderne et contemporaine, vol. XVIII, n° 4, 1971, p. 481-488 ; Pierre Albert, « Remarques sur les recherches en histoire de la presse », Bulletin d'histoire moderne et contemporaine, n° 9, 1975, p. 39-72, ainsi que les 3 pages de l'avant-propos de sa thèse (citée n. 8) consacrée aux « différentes conceptions de l'histoire de la presse ».

2. Les méthodes traditionnelles et leur prolongation dans le numérique

2.1. Les approches des historiens de la presse :
Deux présupposés permettent d’avancer dans la recherche sur l’histoire de la presse. L’informatisation et la fonction de recherche sur une expression ou un mot clé permettent l’accélération de la collecte des données :

Présupposé numéro 1/ un journal ne raconte pas seulement l'histoire immédiate mais aussi sa propre histoire
- les marronniers: les anniversaires (le 1er, le 10e, chaque dizaine)
- la page la plus lue des journaux régionaux: les nécrologies (des nécrologies de rédacteurs en chef, de journalistes, de confrères...)
- le commencement et la fin du contrat de lecture: le premier numéro (profession de foi) et le dernier (explication du suicidé)

Ainsi, avec la banque de données établie par le CEAlex, il est possible de faire la recherche sur des termes comme : « Notre journal », « Ce journal », comme le montre l’exercice sur le « Courrier de l’Egypte » où les premières pages donnent la profession de foi du journal et un encadré révèle l’origine du titre de la « Décade » et la question de la périodicité.

Présupposé numéro 2/ un journal est pris dans une interaction avec les autres journaux
- les articles d'information (sur les rachats, sur les nouvelles technologies, sur les grèves et mouvements sociaux du voisin...)
- les articles de commentaire (polémiques, dénonciation, campagne de presse, etc.)

A titre d’illustration, il est possible de lancer la recherche sur « Notre confrère » dans les collections scannées de journaux réalisées par le CEAlex et lire des éléments de « La Gazette du Caire » sur son confrère « L’Informateur » à propos d’une initiative heureuse de publication d’un annuaire financier.

2. 2. Le logiciel d’analyse morphologique PhPress
Ralph Schor dirige la thèse "la chronique des faits divers dans la presse niçoise des années de crise 1929-1939" de Matthieu Perez à l'Université de Nice. Celui-ci a mis au un logiciel d'analyse morphologique nommé PhPress (Copyright Matthieu Perez 2004-2008) qui peut être téléchargé librement depuis le site http://www.phpress.org/
Construit dans le cadre d’une thèse en histoire contemporaine, PhPress est un logiciel d’analyse morphologique de la presse, inspiré de la méthode définie par Jaques Kayser. Il intègre des outils de traitement et d’organisation du corpus perfectionnés, qui augmentent la productivité du travail de recherche et fournissent une information plus riche. Ce logiciel crée ainsi de nouvelles pratiques de lecture de la presse quotidienne.
Conçu au départ pour permettre de numériser la documentation depuis des périphériques externes tels que des scanners de microfilms, le logiciel a du être profondément modifié en raison des campagnes de numérisation de la presse ancienne lancées par les Archives départementales des Alpes-Maritimes. Ses promoteurs ont ainsi construit de nouvelles fonctionnalités permettant d’exploiter ces nouveaux documents numérisés. Surtout, la conception du traitement des documents et de l’analyse de contenu a beaucoup évolué au cours du développement, gagnant progressivement en simplicité d’utilisation – les routines trop complexes, trop lentes, étant peu à peu améliorées pour faciliter le travail. Cette simplicité – relative – d’utilisation va de pair avec une plus grande complexité conceptuelle, la pratique montrant la nécessité de ne pas se contenter d’une organisation de la documentation par tableaux, mais d’y ajouter des possibilités hypertextuelles et des modes de classement et d’interprétation plus avancés. La progression du dépouillement de la documentation et du travail de recherche a ainsi profondément modifié l’outil technique. A contrario, les premiers résultats obtenus grâce au logiciel ont fortement pesé sur les orientations du travail de recherche, notamment grâce à la nouvelle perception du rythme de publication des journaux étudiés, révélé par le logiciel, et qui a fourni une grille temporelle nouvelle pour l’interprétation des documents.
http://semen.revues.org/8246

A terme, l’utilisation de ce logiciel au travers des pages scannées de la banque de données du CEAlex doit pouvoir permettre un mise en page des études morphologiques par journaux comme par articles avec des recherches thématiques d’articles, des affichages de pages ou d’articles avec des grilles d’analyse, des mises en graphique ou en camembert de répartition d’espace, de fréquence et d’importance de thème, de rubrique, d’illustrations, etc. 

Une telle méthode devrait s’avérer éclairante à la fois par sa capacité à gérer de nombreuses pages et titres rapidement en offrant des mesures généralement pénibles à relever à la main, mais aussi dans sa possibilité d’offrir des graphiques simples comme support d’analyse. On peut toutefois douter, tout comme l’approche traditionnelle (avec règle et grille d’analyse), qu’elle permette d’aller au-delà. La méthodologie de Kayser, qui a été une quasi obligation pour des générations de d’étudiants-chercheurs dans les années 70 à 90, n’a pas particulièrement contribué à rendre les études dans le domaine des médias passionnantes et mobilisantes.

2.3. L’étude de contenu
Dans ma thèse « Géopolitique de la presse francophone en Méditerranée, essai de typologie d’un média national en langue non nationale » (Paris 2, 2001), j’ai été amené à utiliser l’étude de contenu selon les méthodes qualitatives et quantitatives de la sociologie proposées par Roger Mucchielli (L’analyse de contenu des documents et des communications, Paris, ESF).

Ainsi, sur un événement précis autour d’une date précise (par exemple, la couverture du Sommet de la Francophonie de Beyrouth en octobre 2002), j’ai collecté tous les articles de tous les journaux quotidiens et hebdomadaires francophones publiés dans les pays de mon étude (Val d’Aoste/Italie, Maroc, Egypte, Liban, Algérie, Tunisie) dont j’ai réduit les contenus informatifs ou de commentaires autour d’une série de messages essentiels types qui résument les positions et les informations données par les journaux. Le nombre de messages essentiels communs permet de dresser une cartographie des journaux les uns par rapport aux autres selon une mise en page de flèches plus ou moins grosses, de proximité plus ou moins importante.

Cette méthode a permis de montrer les proximités de vue et de traitement entre les journaux d’un événement commun, quelques soient les pays. On a pu distinguer ainsi le traitement absolument identique des journaux étatiques des différents pays du Maghreb et du Machrek (sauf l’Algérie qui n’a plus de presse papier étatique) par rapport aux titres privés.

Une telle méthode doit pouvoir être utilisée en PFE pour des études comparées des traitements informatifs, analytiques et idéologiques des différents titres autour d’un même événement historique. La dimension électronique doit, par un jeu habile de formules clés ou de termes clés, permettre l’accélération de l’enquête et du traitement des données.

Conclusion :

L’énorme effort réalisé par le CEAlex pour numériser, au terme de l’ANR, quelque 30 000 pages tirées des 400 titres différents de la presse francophone d’Egypte doit – de toute évidence – donner un second souffle aux études de la presse écrite, notamment dans le domaine de l’Histoire de la presse.

La rapidité escomptée dans l’analyse des données, l’utilisation d’outils informatiques pour gagner du temps dans l’enquête morphologique comme de contenu, doivent contribuer à relancer l’intérêt pour l’étude des médias écrits dont les derniers grands travaux de chercheurs en équipe remontent aux années 1970.

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Analyse lexicale automatisée de la presse francophone d’Egypte (résumé)
Louis-Jean Calvet, Stéphanie Léon

Il y a deux ans, lors de notre première réunion, j’avais essayé d’expliquer quel pouvait être le rôle de linguistes dans notre projet. Pour cela j’avais évoqué trois thèmes :
- Les travaux d’analyse du discours politique que nous avions menés Jean Véronis et moi-même (voir Combat pour l’Elysée et Les mots de Nicolas Sarkozy, tous les deux publiés aux éditions du Seuil).
- Le travail d’analyse automatique des textes de chansons françaises que nous avions entamé avec Stéphanie Léon.
- Une présentation de ce que nous avions fait avec Stéphanie Léon à partir du maigre corpus dont nous disposions alors.
Je ne rappellerai ici que le troisième point. Nous étions partis de 69 numéros de revues s’étalant de 1849 à 1983, comportant 131 025 mots différents et au total 2. 082. 669 mots. A partir de ce corpus, nous avions par exemple extrait les noms, les verbes, les adjectifs et les adverbes les plus fréquents, fait le même travail en distinguant entre trois périodes (le XX° siècle, les années 1920-1950 et les années 1970-1980), effectué une comparaison entre ces périodes et montré comment l’on pouvait également extraire les mots spécifiques à chacune de ces revues, c’est-à-dire n’apparaissant que dans l’une d’entre elles.
Le corpus est aujourd’hui beaucoup plus large, plus de 500 titres, près de 16.000 pages numérisées, un capital face auquel il y a plusieurs attitudes possibles. Nous pourrions en effet le considérer d’un seul point de vue patrimonial : nous avons sauvegardé ce qui était menacé de disparition et différents chercheurs peuvent maintenant travailler sur ces sources comme ils auraient travaillé sur leur version papier, si elle avait été en bon état. Mais cette approche serait comparable à celle d’archéologues qui se contenteraient de sortir de terre des objets, des morceaux de monuments, sans les dater, sans s’interroger sur ce qu’ils nous apprennent… Et la plupart des communications présentées pendant ces deux journées sont de ce type: on dispose sous forme digitale de sources qu’on ne trouvait plus en version papier, et on fait grâce à elles des recherches comme on en ferait avec des sources imprimées. Ce n’est, bien sûr, déjà pas si mal. Mais il est peut-être possible d’aller plus loin. Il y a en effet deux attitudes possibles : soit analyser notre corpus soit l’interroger. Dans le premier cas, et c’est l’approche patrimoniale, on prend l’ensemble de la presse numérisée comme un objet de recherche que l’on considère avoir sauvé des termites ou de l’humidité et que l’on met à disposition des chercheurs. Dans le second cas, on le considère comme un outil de recherche.
Qu’est-ce que cette seconde approche peut nous apporter ? Il s’agit de prendre le corpus comme une aide à la recherche, dont on peut extraire :
- Les fréquences globales et les fréquences titre par titre
- Des comparaisons entre les différents titres
- La recherche de mots particuliers et de leurs contextes
- La recherche de mots spécifiques à un titre
Voici par exemple la fréquence absolue des dix premiers substantifs dans l’ensemble du corpus actuellement disponible :

Alexandrie 33 368
prix 28 251
rue 24 940
Le Caire 24 209
Egypte 20 984
art 20 640
octobre 18 662
vente 17 845
pays 17 329
loi 15 781

Une première remarque s’impose : dans la presse francophone d’Egypte ici représentée, Alexandrie est en tête, bien avant Le Caire et Egypte, ce qui pose la question de savoir si cette presse est essentiellement alexandrine, ou si la francophonie égyptienne est essentiellement alexandrine, ou encore s’il y a un biais. En outre la présence de mots comme prix en seconde position, puis de vente en huitième, laisse à penser que, malgré l’apparition de art, la langue française serait plutôt langue des affaires que langue des arts. Quant à l’apparition d’octobre en septième position, elle nous pose un problème technique, celui de la suppression des bandeaux indiquant la date : il est peu probable en effet qu’octobre ait une importance particulière dans la PFE, et il est plus raisonnable de penser que le corpus actuel favorise, par hasard, des numéros de journaux et revues de ce mois.
 Concernant les spécifiques, une recherche rapide montre par exemple que le mot chalet n’apparaît, toujours dans l’état actuel du corpus, que dans le Journal du commerce et de la marine (129 occurrences). Qu’est-ce que le chalet peut bien faire dans un tel journal ? En interrogeant les contextes, nous trouvons des choses comme: « On demande chalet ou terrain vide à AGAMI. Faire offres avec prix et détails ». Et l’on voit immédiatement que le sens de chalet n’est pas ici celui qu’il a en France (une habitation à la montagne) mais désigne au contraire une habitation au bord de la mer (Agami est une station balnéaire proche d’Alexandrie) et qu’il apparaît dans des annonces immobilières, cette hypothèse étant facile à vérifier en analysant tous les contextes. Il ne s’agit là que de quelques exemples et d’autres modes d’interrogation sont possibles, en particulier en recherchant l’apparition de syntagmes.
Que pouvons-nous donc apporter au projet qui nous réunit ? Tout d’abord quelques précisions techniques. Il nous faut nettoyer le corpus après passage du format pdf au format txt. Nous observons en effet des ajouts de caractères (suj et), des confusions de caractères (assemb !ées), des confusions et des ajouts (ysycholo,giques), etc. Mais cela, quoique fastidieux, n’est pas insurmontable. Le site élaboré par le CEAlex permet actuellement d’afficher tous les titres, avec les caractéristiques de la collection, donne pour un titre donné la liste des numéros disponibles en téléchargement et permet de savoir quels sont les documents contenant un terme que nous recherchons.
Nous pourrions ajouter à cela un accès facile à tous les modes d’interrogation évoqués plus haut sur l’ensemble du corpus numérisé:
- Statistique d’occurrence d’un terme ou d’un syntagme, comparaison de l’occurrence de différents termes ou syntagmes.
- Les termes ou syntagmes les plus fréquents (revue par revue ou en général).
- L’évolution historique (quand un terme apparaît-il? Quand disparaît-il ?)
- Les contextes des termes étudiés (l’exemple de chalet brièvement présenté plus haut nous montre l’utilisation sémantique de cette fonction).
De cette façon, le site de la PFE aurait à la fois une fonction de documentation (dans l’idéal, si en nous avions le temps et les moyens, il pourrait constituer une bibliothèque digitale présentant l’ensemble de la PFE) et une fonction d’outil de recherche, d’aide à la recherche pour des scientifiques de différents domaines.

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Le français écrit en Egypte entre langue et discours (analyse linguistique et discursive du courrier des lecteurs d'Al Ahram Hebdo)
Thèse de magistère présentée en 2008 par Lamiaa Al Sadaty, sous la direction de professeur Madiha Doss, professeur de Linguistique au département de français à l'Université du Caire.

Le Courrier des lecteurs de l’hebdomadaire égyptien d’expression française Al Ahram Hebdo est un reflet du réel égyptien. Afin de décrypter profondément ce réel, nous avons axé notre étude sur deux plans, qui nous paraissent complémentaires : analyse linguistique et analyse discursive. Si la première est envisagée afin de décrire un français écrit par des scripteurs égyptiens en répondant aux questions : qu’écrivent et comment s’expriment ces scripteurs ? La deuxième est conçue comme une manière d’aller au fond des choses, en accédant à une réponse à la question suivante : pourquoi ces scripteurs égyptiens écrivent-ils dans cette langue ?

Appartenant aux diverses régions de l’Egypte telles le Caire, Alexandrie, Tanta, Beni Soueif, les scripteurs de ce Courrier appartiennent à des tranches d'âge différentes : des élèves, des étudiants, des professeurs de français, etc. Ils traitent des sujets assez variés tels l'invasion culturelle, le travail de la femme, le cinéma commercial et la cause palestinienne.
Ces scripteurs nous montrent, à travers leurs lettres, quelques aspects de la pratique langagière du français écrit en Egypte. En parallèle, ces lettres permettent d’appréhender toute une logique nourrie par un héritage socio-culturel, et germée dans un contexte sociopolitique particulier. Ainsi, les lettres des scripteurs se situent à la croisée des composantes précédemment soulignées.
Ces scripteurs ont choisi d'écrire en français et se sont déterminés à envoyer ce qu'ils ont écrit en vue d'être publié alors qu'ils auraient pu se contenter de garder ce qu'ils ont écrit pour eux mêmes, ou de le lire au niveau d'un cercle d'amis ou de proches ou tout simplement écrire en arabe et envoyer leur message à un journal d'expression arabe.
Nous ne pouvons pas nier que ces lettres constituent une tribune à travers laquelle ces scripteurs s’expriment en français, langue de distinction sociale, communiquent leurs idées mais aussi défendent leur culture, leur religion,
leurs habitudes,etc. Bref, leur identité nationale.

En vue de lier notre étude au réel égyptien, nous avons élaboré une enquête, afin d’enregistrer une sorte d’évaluation de la relation entre les étudiants du français et la presse francophone. Notre enquête est fondée sur un échantillon aléatoire de 105 étudiants en français au niveau de trois gouvernorats : Le Caire (Faculté des Lettres à l’Université du Caire, et Faculté des Lettres et de Pédagogie à l’Université de Helouan) ; Assiout ( Faculté des Lettres et de Pédagogie ) et Sohag ( Faculté des Lettres).
Nous sommes parvenus à mettre en évidence que la plupart de ceux qui lisent la presse francophone , avec en tête surtout Al Ahram Hebdo ( qui constituent 59 % de l’échantillon), ont un objectif commun, à savoir améliorer leur niveau de langue. Quant à ceux qui ne la lisent pas, ils ont avancé des prétextes du genre : « ce n’est pas moi qui achète les journaux », ou « je n’ai pas de temps libre à cause de la lourdeur du programme ».
D’autres ont refusé de remplir le formulaire de l’enquête en se contentant de nier, oralement, le fait de lire la presse francophone.
Des excuses qui recèlent une certaine timidité, mais qui soulignent, en contrepartie, que le fait de ne pas lire la presse francophone est ressentie comme une honte, pour certains. Surtout qu’aucun étudiant n’a répondu que ce genre de presse ne l’interessait pas ou ne lui semblait pas intéressante, ..etc. Nous pouvons déduire que la langue française ou au moins une pratique culturelle comme la lecture en cette langue constitue un signe de distinction. D’autre part, le genre de sujets qui intéressent les lecteurs du Courrier (soit 24 sur 59 lecteurs de la presse francophone ) varie entre des sujets sur le monde arabe tels la cause palestinienne et l’Iraq, ou sur la politique internationale et l’état sociopolitique du pays. Des réponses qui informent beaucoup sur le rapport entre les étudiants de la langue française et l’hebdomadaire égyptien d’expression française Al Ahram Hebdo, si ce n'est sur le lien qui se noue entre certains Egyptiens qui ont choisi d’exprimer leur Moi dans la langue de l’Autre.

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Réception comparée de Constantin Cavafis dans la presse hellénique d’Egypte et dans la presse francophone d’Egypte. Projet d’exploitation de fonds numérisés
Lucile Arnoux-Farnoux, Université François-Rabelais Tours / Boursière de la Fondation Onassis (janvier-juin 2011)

Pour ce deuxième colloque sur la Presse francophone d’Egypte, je souhaitais présenter un exemple du type d’étude que la numérisation de la PFE permettait de faire, tout en restant dans une approche comparatiste. Il m’a semblé que la question de la réception du poète alexandrin Constantin Cavafis était une de celles que la numérisation progressive de la PFE permettait justement de traiter, en rendant accessibles des sources jusque-là répertoriées  mais très difficiles à consulter véritablement. Ce travail de numérisation, parallèle à celui qui a été accompli en Grèce par la Bibliothèque du Parlement, d’une part, et par une institution comme l’ELIA (Archives Littéraires et Historiques Grecques), d’autre part, rend justement possibles des études croisées. L’étude de la réception comparée de Cavafis dans la presse de langue française et la presse de langue grecque en Egypte a nécessairement comme arrière-plan la réception du poète dans la presse grecque de Grèce, d’une part, et dans la presse étrangère, d’autre part, sans compter la presse grecque en langue étrangère, l’ensemble permettant d’avoir un tableau complet du phénomène.
Après avoir établi une chronologie comparative, on s’est tout d’abord interrogé sur une éventuelle spécificité de la réception du poète alexandrin dans la PFE. Celle-ci présente en effet une double particularité : les articles critiques sur Cavafis font leur apparition assez tard, en 1926 seulement, dans les journaux et les revues francophones, mais paradoxalement c’est une revue francophone, la fameuse Semaine Egyptienne dirigée par Stavros Stavrinos qui est la première –et la seule – en Egypte à consacrer un numéro spécial au poète de son vivant (avril 1929). Une autre caractéristique de cette réception est de ne pas entrer dans les polémiques liées à la langue utilisée par le poète, à la différence de ce qui se passe tant en Grèce que dans la presse hellénique d’Egypte.
On s’est ensuite intéressé aux relations existant entre la PFE et la PHE (presse hellénique d’Egypte), toujours autour de la question de la réception du poète alexandrin. Loin d’être deux univers indépendants l’un de l’autre, ces deux presses interagissent en permanence l’une sur l’autre, l’une faisant écho à l’autre, entretenant ainsi un véritable dialogue qui tourne parfois à la polémique, comme en 1947, par exemple, autour de la question des traductions « non autorisées » de l’œuvre de Cavafis en français.
Se trouve ainsi mise en lumière une double circulation entre PFE et PHE : circulation des textes et des idées, d’une part, circulation des auteurs, d’autre part, de sorte qu’on peut se demander s’il ne convient pas dans ce cas précis de parler d’un véritable « réseau » des revues et journaux dans la presse d’Egypte en langues étrangères.

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Femme et presse : revues féminines-istes et réception du féminisme dans la presse
Elodie Gaden, Doctorante à l'Université Stendhal – Grenoble 3

            Cette étude s'appuie sur un travail de recherches en histoire littéraire qui entend reconstituer scientifiquement un champ peu ou partiellement connu : celui de l'émergence de l'écriture féminine égyptienne en langue française.
Entre la dernière décennie du XIXe siècle et les années 1950, des femmes françaises installées en Égypte et des Égyptiennes écrivant et publiant en français investissent plusieurs genres littéraires (narratif, poétique) pour exprimer des aspirations nouvelles. Or, la presse en français joue un rôle majeur dans cet essor de l'écriture féminine et féministe : les femmes créent des revues engagées (telles L'Égyptienne, Le Phœnix, La Femme nouvelle) ou publient dans les périodiques de confrères (tels Images, La Revue du Caire, L'Égypte nouvelle) ; la presse est également une tribune où naissent des débats sur le féminisme et l'accès récent des femmes à certaines fonctions dans la société. La presse fait circuler des représentations de la différence des sexes et constitue également le lieu de la redéfinition de cette différence.
            Aussi s'agit-il d'étudier le rôle et l'importance de la presse francophone dans l'émergence d'une écriture féminine/iste, et d'un mouvement féministe égyptien. La presse des femmes permet-elle la mise en place d'un pouvoir de la femme, voire d'un contre-pouvoir ? Nous voudrions comprendre dans quelle mesure ce nouveau media contribue à la constitution d'un discours féminin (cohérent voire unifié), et, peut-être, d'un discours féminin littéraire.

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L’Egypte des Européens : presse, islam, anarchisme.
Alessandra Marchi, Docteur en Histoire

Établir des liens entre anarchisme, presse et religion dans l’Alexandrie du début du XX siècle s’avère une tâche difficile mais fort stimulante pour la recherche. Dans ce papier, on essaie de reconstruire ce type de liens à partir de la communauté italienne qui était nombreuse en Egypte, à Alexandrie comme au Caire. La vie et l’œuvre de certains militants comme Enrico Insabato (1878-1963) ou Leda Rafanelli (1880-1971), qui étaient en Egypte à la même époque, nous renvoient à la diffusion du savoir contemporain sur le soufisme en Europe et en général en Occident, à encadrer dans une perspective d’anthropologie historique.
Leda, écrivain politiquement engagée, s’était convertie à l’islam soufi pendant son séjour à Alexandrie, entre 1900 et 1902, où elle fréquenta le cercle d’anarchistes, militants, intellectuels et exilés, appelé La Baracca Rossa. La proximité du soufisme et de l’anarchisme se retrouve aussi chez le diplomate Enrico Insabato, sympathisant anarchiste, proche des Sanussis de Cyrénaïque et promoteur du soufisme à travers sa revue bilingue Il Convito/al-Nâdi, publiée au Caire, où un autre anarchiste soufi écrivait de nombreux articles : le peintre suédois Ivan Agueli- ‘Abdul Hadi al-Maghrabi’. Ce dernier fut aussi l’initiateur au soufisme du métaphysicien René Guénon (1886-1951), qui vécut au Caire les 20 dernières années de sa vie. Ici, une femme lui fut très proche, féministe anticolonialiste et convertie elle aussi au soufisme : Valentine de Saint Point (1889-1953), qui publia l’une des rares revues spécifiquement consacrées à la spiritualité, PhoenixRevue de la Renaissance orientale, crée en 1925 au Caire.
À travers la presse, en Égypte, ou bien à partir de l’Égypte, de nombreux Italiens, Français et autres, ont diffusé leurs idéaux sociaux, ont reconstruit leur propres pays, ont fait passer leur vision de l’Égypte, du Caire et d’Alexandrie, parfois sous une dimension de mythe qui produit encore aujourd’hui une nostalgie de cet « orient ». Sans vouloir établir des liens étroits entre la presse, l’anarchisme et le soufisme, on vise ici à documenter leur rencontre dans le contexte égyptien dans la période à cheval entre les XIXe et XXe siècles et ouvrir ainsi des nouvelles pistes de recherche autour du « cosmopolitisme ». 

 

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Colloque
3-4 juin 2011
Programme
Résumés des interventions
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Les règles de la recherche en histoire de la presse, application au projet PFE, Gilles Kraemer
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Analyse lexicale automatisée de la PFE
Louis-Jean Calvet, Stéphanie Léon
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La recherche sur la PFE à l'Université du Caire,
-Le Français écrit en Égypte, entre langue et discours. Lamiaa Al Sadaty
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La réception comparée de Cavafis dans la presse héllénique d'Égypte et la presse francophone d'Égypte, Lucile Farnoux-Arnoux
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Femme et presse : revues féminines-istes et réception du féminisme dans la presse
Elodie Gaden
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L’Egypte des Européens : presse, islam, anarchisme.
Alessandra Marchi

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mise en ligne : avril 2009
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