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La Presse Francophone d'Égypte numérisée - PFEnum
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Article : 200 ans de presse francophone en Égypte
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Janvier 2012 : Bilan et perspectives
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Les presses allophones en Méditerranée

Athènes, mardi 11 et mercredi 12 mars 2014
Résumés des interventions

Jean-­Yves Empereur
Archéologue, Directeur du Centre d'Études Alexandrines

Diana Cooper-Richet, « Le groupe TRANSFOPRESS : Réseau Transnational pour l’étude de la presse en langues étrangères »

Transfopress (1) est né en novembre 2012 à l’initiative de chercheurs du Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, à la suite d’un appel lancé en anglais, espagnol, français et portugais, le plus largement possible au sein de la communauté académique internationale. Plus d’une centaine de collègues, d’une quinzaine pays, ont manifesté leur intérêt pour ce domaine de recherche peu exploré. Associé au Labex Patrima, au Centre d’Études Alexandrines (CEAlex), à la BnF et à la BDIC, Transfopress a organisé sa première Rencontre à la BnF, les 27 et 28 novembre 2013, afin de comparer les expériences de recherche, mais également d’aborder la question de la conservation de ces documents. La deuxième Rencontre est prévue à São Paulo, (Brésil), en novembre 2014.
Trois groupes de recherche se sont constitués : au Brésil, en Espagne et au Mexique. À Paris,  un Comité de Pilotage de cinq personnes coordonne l’activité de l’ensemble. Par ailleurs, le Séminaire Transfopress Europe (2014-2015), se réunira deux fois par an, afin d’étudier cette presse dans une approche linguistique. Notons également, que le réseau alimente une banque de données, CulturHisto, dans laquelle sont regroupés les travaux sur la presse allophone.
Au-delà, du repérage, du catalogage, de la conservation, voire de la numérisation et donc de la mise à disposition de cette presse, les membres du réseau (historiens, littéraires, linguistes, spécialistes de la traduction, des civilisations ou des religions, de l’histoire de l’art, notamment), estiment que son étude pourrait déboucher sur un certain nombre de reconsidérations de l’histoire, telle qu’elle a été écrite dans beaucoup de pays, sur une reformulation des termes de certains des grands débats actuels, sur une meilleure compréhension de l’évolution des sociétés complexes, passées ou présentes, grâce à une réévaluation de l’apport des communautés étrangères à la vie de la Nation, dont les journaux sont les témoins. Elle devrait permettre de revisiter la façon dont les grandes sagas des constructions nationales ont été édifiées, de reconsidérer le contenu de notions telles que l’intégration, l’assimilation, l’adaptation et le communautarisme en les mettant en miroir avec celles d’égalité, de double-culture, voire de multiculturalisme et d’identité.
Transfopress plaide pour une conception de l’histoire plus globaleet plus connectée, en l’occurrence celle de la presse. En effet, en changeant d’échelle historiographique, il est possible de transcender la dimension nationale et d’envisager ainsi, à l’instar du CEAlex, une nouvelle histoire de la presse en Méditerranée.

(1) Voir la page Transfopress sur le site academia.org (retour)

Géraldine Poels, « Les études sur la presse en langues étrangères : une historiographie éclatée, des perspectives communes » 

Les presses allophones apparaissent toujours comme un objet scientifique et patrimonial méconnu, alors qu’on peut faire remonter les premières études les concernant au début du XXe siècle, et qu’une première recherche bibliographique nous a permis de repérer environ 500 références. Cette ignorance est la conséquence d’une historiographie éclatée, dont les différents courants mobilisent des paradigmes concurrents et qui, jusqu’à récemment, dialoguaient peu entre eux. Dans cette communication, nous proposons un bilan des apports des quatre courants historiographiques principaux (l’histoire de l'immigration, l’histoire de l’imprimé, l’histoire de la presse ancienne et l’histoire de la francophonie). Puis nous proposons, pour remédier à cet éclatement, des pistes de recherches communes, à partir des réflexions collectives menées dans le cadre du réseau international « Transfopress » qui fédère, depuis 2012, une centaine de chercheurs spécialistes des presses allophones.

Philippe Mezzasalma, « Journaux méditerranéens publiés en France, presse en français en Méditerranée : regards croisés sur les identités méditerranéennes au sein des collections de la BnF »
Issues pour une part du dépôt légal, les collections de journaux de la BnF reflètent l’ensemble de la production éditoriale parue au fil des époques historiques. Témoin de l’importance des flux migratoires, et du rôle joué par les diverses communautés linguistiques dans l’histoire nationale, la presse en langue étrangère représente une part non négligeable, mais aussi méconnue, des collections de journaux de l’époque contemporaine. L’importance des publications en langue des différents pays méditerranéens y est déterminante : destinée à informer les nouveaux venus sur les usages du pays d’accueil, ou à relater l’actualité du pays quitté volontairement ou de manière forcée, c’est d’abord autour de ces feuilles que les migrants économiques comme les exilés politiques, italiens, espagnols, grecs, turcs se retrouvaient et se regroupaient. Or, cette Méditerranée en exil en France trouve son pendant avec la présence dans les collections de journaux publiés en français à Rome, Salonique, Smyrne, Alexandrie, dans des pays qui ne faisaient pas partie de l’empire colonial français, où l’influence française se faisait plus culturelle et intellectuelle. Journaux rares, rentrés par dons, échanges ou acquisitions, ils forment un ensemble unique qui restitue un monde d’échanges, de mélanges, d’apports culturels réciproques, aujourd’hui en grande partie disparu. La numérisation de ces collections peut permettre de faire resurgir cette civilisation de cette « Mare nostrum » des XIXe et débuts XXe siècle, en offrant à l’étude des collections complètes et accessibles à tous, à distance. C’est un des enjeux historiques de la période actuelle.

Lorans Tanatar Baruh, « La presse francophone ottomane en ligne: histoire et numérisation »

Cette communication se concentre sur le projet de la numérisation de la presse francophone dans l’Empire ottoman du XIXe siècle à 1930, qui a eu lieu avec la collaboration de la Bibliothèque nationale de France, l’Institut français des études anatoliennes, la Bibliothèque d’Atatürk et SALT. Le but du projet a été de rassembler cette presse francophone publiée dans tout le territoire ottoman et la méditerranée orientale, à l’exception de l’Égypte, et même plus encore puisque la presse ottomane publiée dans divers pays de l’Europe y est incluse. Cette presse qui, à un moment, a été écrite en français par des sujets ottomans, citoyens français et d’un pays tiers, soit pour défendre leurs intérêts, soit pour attaquer leur gouvernement, soit simplement par intérêt commercial, ne fut pas obligatoirement pro-française, mais reflétait la société ottomane de l’époque, où différents groupes s’éveillaient à des notions de modernisme dans une vaste géographie gouvernée par la Sublime Porte.

Elli Droulia, « Les collections de la presse hellénophone d'Égypte et de la presse francophone de Grèce à la Bibliothèque du Parlement grec »

La presse grecque parut bien avant la fondation de l’état grec moderne en 1832; elle était alors associée à la diaspora. Pendant la Révolution de 1821 et dès le début de l’état grec, journaux et empreints de nature périodique en langues étrangères circulaient en Grèce à des fins diverses. Tous les journaux allophones d’informations étaient en langue française : Le Courrier d’Orient (6/12/1828-21/10/1829), Le Courrier de la Grèce (1-13/11/1829-1-13/02/1932), Le Miroir Grec (1832-1833), L’Abeille Grecque de Syra (1832) et Le Moniteur Grec (1832-1833). La langue de publication (grecque, étrangère/allophone, bi-trilingue), le lectorat (grec, hellénophone, étranger, situé en Grèce ou ailleurs) ainsi que le lieu de publication méritent notre attention.
La bibliothèque du Parlement gère une importante collection de journaux, peut-être la plus importante jusqu’à ce jour, en Grèce. En 1900, parut le premier catalogue parlementaire élaboré par Στάης et décrivant en deux parties (journaux et revues), cette collection qui comptait alors 1.092 titres. Dans les années 20, la bibliothèque composa des catalogues annuels des éditions achetées ou « entrées », incluant, à partir de 1958, les titres des journaux et des revues. Mais en 1967, ce travail fut stoppé. En 1994, le directeur de la bibliothèque, P. Christopoulos acheva le catalogue le plus complet à ce jour sur la période 1789-1970, comptant 3.566 titres de journaux grecs et étrangers, mais aucune revue.
La collection comprend des journaux en anglais, français, allemand, italien, espagnol etc. venant d’Égypte, de France, de Belgique, de Turquie, d’Allemagne, d’Autriche, de Roumanie, de Russie, du Royaume-Uni, d’Italie, des États-Unis, du Chili, du Brésil, d’Australie, d’Afrique du Sud, du Soudan, de Hongrie et du Viêtnam. Le laboratoire de la bibliothèque a produit 25.000 microfilms dont la majorité concerne la presse et les données aujourd’hui numérisées sont accessibles sur le site internet du Parlement.
Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Égypte est le second centre de formation de l’hellénisme hors des frontières, après Constantinople. Nombreux sont les chercheurs qui s’intéressent, en tant que source scientifique et témoignage, à la presse hellénophone d’Égypte, dont la bibliothèque possède 33 titres (19 journaux publiés à Alexandrie, 10 au Caire, 2 à Alexandrie/Caire, 1 à Tanta/Alexandrie et 1 à Zagazig). Nous espérons initier une collaboration avec le CEAlex et l’Université d’Athènes à partir de ce corpus, dont je procède à un enregistrement précis, afin de vérifier les informations.
Enfin, je me suis intéressée, en me basant sur la collection de la bibliothèque, à la place donnée aux nouvelles archéologiques dans la structure des journaux et dans la presse en général. Ces données eurent une grande importance au moment où l’histoire et la conscience nationale étaient en phase de se former. L’année 1932 marqua notamment l’entrée en vigueur d’une loi qui régit les affaires archéologiques grecques jusqu'en 2002.
La Bibliothèque Parlementaire est toujours ouverte à des initiatives qui mettent en valeur ses riches collections.

Despina Provata, « La presse francophone grecque : revendications nationales et ouverture vers l’Europe »

La presse francophone grecque naît au moment de la guerre de l’Indépendance et devient l’organe des philhellènes qui voulaient informer l’Europe sur les événements de la guerre. Leurs initiatives seront encouragées et soutenues même par le gouvernement qui en reconnaît vite l’utilité. Aussitôt après la constitution du jeune état grec, ces feuilles, tantôt rédigées exclusivement en langue française, tantôt bilingues commencent à se multiplier. Certains de ces journaux, ont connu une longévité exceptionnelle et d’autres n’ont pas dépassé les quelques numéros. Ils présentent également une grande diversité quant au contenu, au public cible ou encore quant à la périodicité et le lieu de publication, qui dépasse souvent les frontières de l’État. Mais ils se mettent tous au service d’un objectif commun : devenir le porte-parole de l’hellénisme à l’étranger et servir de passerelle culturelle entre la France et la Grèce.

Lucile Arnoux-Farnoux, « La presse francophone grecque et la promotion de la culture néo-hellénique au XXe  siècle : le cas du journal Le Monde Hellénique (1906-1910) »

La presse francophone grecque, à la différence d’autres presses allophones, n’est en aucune manière à mettre en relation avec un mouvement d’immigration ni même avec la présence d’une colonie étrangère sur le sol grec. Elle est produite par une élite grecque et/ou cosmopolite francophone adoptant la langue française afin de toucher un lectorat non hellénophone en Grèce mais surtout en France et dans les pays francophones, et de diffuser auprès de lui une certaine image de la Grèce. L’exemple le plus caractéristique de cette presse francophone est Le Messager d’Athènes, journal doté d’une extrême longévité puisqu’il paraît à Athènes de 1875 à 1980. Le Monde Hellénique, d’une durée de vie beaucoup plus brève (avril 1906-avril 1910), n’en présente pas moins un grand intérêt. Les deux personnalités qui l’animent – le fondateur, Spyridon Pappas, journaliste et historien de culture française, et le rédacteur en chef, l’homme de lettres Jean Dargos – sont caractéristiques de cette élite cosmopolite que l’on trouve à la tête de la presse francophone grecque. Le journal, édité à Athènes mais distribué également à Paris, successivement bi-hebdomadaire, hebdomadaire puis quotidien, est d’abord francophone avant de devenir, la dernière année, bilingue, sous le titre de Ελληνικός Κόσμος. Si le souci d’informer le public grec cultivé de l’actualité culturelle française est très présent, la principale mission que se fixe la rédaction est toutefois de faire connaître la Grèce contemporaine à l’étranger  « non seulement la Grèce politique, mais la Grèce littéraire, la Grèce scientifique, la Grèce artistique ». Dans le domaine politique, la rédaction s’intéresse surtout à la politique extérieure de la Grèce et à la question de l’Hellénisme – c’est-à-dire au problème posé par les régions où vivent traditionnellement des communautés grecques mais qui ne sont pas encore rattachées au territoire national. Elle suit ainsi de près la question macédonienne et surtout la question crétoise, afin d’informer le public européen et de soutenir les revendications des Crétois, qui demandent depuis des décennies leur rattachement à la Grèce et l’obtiendront finalement en 1913, après de nombreuses révoltes et la médiation des Grandes Puissances. Dans le domaine culturel, outre des articles de fond très documentés (sur la vie théâtrale ou la situation de l’édition en Grèce, par exemple), le journal œuvre pour la reconnaissance de la littérature grecque la plus contemporaine. Le Monde Hellénique est en particulier le premier à publier en français des traductions du poète Costis Palamas (1859-1943), déjà au sommet de sa gloire, mais aussi du grand prosateur Alexandre Papadiamantis (1851-1911), dont le génie ne sera véritablement reconnu qu’après sa mort.
Le Monde Hellénique paraît donc une publication particulièrement intéressante, dans le cadre d’une étude sur la presse francophone grecque, en raison de ses qualités rédactionnelles : variété des thèmes abordés, esprit critique, sérieux du traitement, aussi bien dans le domaine économique, politique que culturel. Le journal exprime par ailleurs un véritable point de vue sur la Grèce et l’Hellénisme, à destination d’un public étranger.
Il est de plus animé par des personnalités de premier plan : Jean Dargos, l’un des premiers traducteurs de Papadiamantis et de Palamas, poursuit son activité littéraire, après la disparition du Monde Hellénique, dans la revue Graecia, éditée en France (1910-1914), où l’on retrouve également Jean Baudry.
Enfin, il présente un intérêt du point de vue de l’étude des réseaux de journaux et périodiques, par le lien étroit avec au moins un journal en France, le Gil Blas ; mais aussi des réseaux d’influence, par ses relations avec la Ligue pour la Défense des Droits de l’Hellénisme, l’École française d’Athènes et d’autres.

Lampros Flitouris, « La presse francophone de Salonique (XIXe s.-1912) »

Thessalonique ou Salonique, la capitale du pachalik de Macédoine et la deuxième ville la plus peuplée de l’Empire Ottoman, est un exemple particulier de l’influence qu’avaient la langue et la culture françaises dans la région. Nœud commercial, centre économique avec un réel passé historique, population multinationale et très active, Salonique a attiré l’intérêt des Européens grâce aux atouts dont elle disposait en matière d’activités financières Le français deviendra la lingua franca de la population multicolore de la ville où on observe l’élaboration d’une information francophone présentant beaucoup de points communs avec ce qui a pu se développer à Alexandrie ou Smyrne. Notre intervention concerne la période des réformes de l’Empire, c’est-à-dire des années 1870 aux guerres balkaniques et le rattachement de la ville au royaume hellénique. Dans la ville, la tradition francophone était forte grâce aux écoles catholiques, aux écoles de l’Alliance Israélite Universelle et à la Mission Laïque.

Melina Panagou, « Un journal bilingue du début du XXe siècle : Le Courrier d’Orient/Tachydromos tis Anatolis, Athènes 1903-1905 »

Le Courrier d’Orient est un périodique franco-hellénique qui a circulé entre 1903 et 1905 à Athènes et dans la diaspora grecque, sous deux éditions distinctes, grecque et francophone. L’orientation idéologique du journal est ultranationaliste, d’autant que le nouvel État grec était encore en quête de son identité nationale. Cette orientation se reflète tant dans sa prise de position sur la polémique linguistique et la question de la Macédoine que dans sa persistance à raviver les sentiments philhellènes disqualifiés au profit du panslavisme.  
Un intérêt particulier suscitent la crise économique - étonnamment semblable à celle qui sévit actuellement en Grèce -, l’intrusion de l’esthétique occidentale dans la vie mondaine et l’infrastructure hôtelière grecques - telle qu’elle transparaît dans les réclames du journal -, et l’influence française qui était limitée au vaudeville et à l’atmosphère Belle Époque parisienne de cette période.

Alessandra Marchi, « La presse italophone d’Égypte »
La presse italophone en Égypte est une source fondamentale pour connaître et comprendre  l’histoire de l’importante communauté italienne installée dans le pays depuis le XIXe siècle. Ce travail cherche à offrir une historiographie complète de la presse italophone imprimée en Égypte à partir de 1845 jusqu’à nos jours. Le premier de ces journaux, Lo spettatore egiziano, fut publié en 1845 à Alexandrie. Ensuite, notamment entre les années 1870 et 1930 environ, il y a eu une floraison de périodiques italiens, dont la durée de vie varie de quelques années à plusieurs décennies. Certains périodiques se sont distingués selon des genres différents : humoristique, littéraire, sportif, anarchiste, etc. Lorsque le régime fasciste s’est installé en Italie, la presse italienne à l’étranger a subi un processus de déclin, processus qui s’avère irréversible, et ce pour toute la presse étrangère en Égypte, au moment de l’affirmation de l’indépendance égyptienne.

Patrizia Manduchi, « La presse italophone de Tunisie »

L’object de ma communication est l’histoire de la presse italienne en Tunisie, en particulier dès années trente jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
Pendant les années trente, la Tunisie connut une nouvelle vague d’exilés antifascistes, d’orientation politique et idéologique différente : la présence à Tunis d’une importante communauté italienne, juive et antifasciste, attira ici beaucoup d’intellectuels et hommes politiques fuyant les persécutions, ou bien envoyés par leurs partis pour continuer leurs activités politiques.
L’organe antifasciste le plus important de cette période fut L’Italiano di Tunisi, avec le sous-titre Organo della Lega Italiana dei Diritti dell’Uomo-Sezione di Tunisi. Il sortit en octobre 1936, d’abord hebdomadaire puis mensuel.
Grâce à Ambrogio Donini, un des plus importants dirigeants du PCI, envoyé à ses fins en Tunisie, et au communiste sarde Velio Spano, on voit naître l’autre journal antifasciste influent, le quotidien Il Giornale (5 mars 1939).

Alessandra Marchi, « Les anarchistes italiens en Égypte d’après la presse italophone d’Égypte »
De nombreux maçons, carbonari, garibaldiens et anarchistes s’installèrent en Égypte au XIXe siècle, en tant qu’exilés, pour poursuivre leurs idéaux d’indépendance et de nationalisme naissant. Très souvent, ces Italiens écrivaient dans des journaux qu’ils fondaient en Égypte. La presse anarchiste fut un genre relativement fécond dans tous les pays étrangers où les anarchistes ont essaimé pour organiser leurs activités de lutte contre le pouvoir. Les liens entre presse, littérature et idéaux politiques sont évidents chez les auteurs Enrico Pea, Enrico Insabato ou Leda Rafanelli. À Alexandrie, a été imprimée la première publication anarchiste, Il Lavoratore, datant de 1877. Les journauxanarchistes l’Unione della democrazia et Risorgete, La Tribuna Libera et Il Proletario, parus au début du XXe siècle, à Alexandrie, nous renseignent sur l’histoire du mouvement anarchiste en Égypte et la contribution des Italiens à son développement.

Marie-Delphine Martellière, «  Les récents progrès de la numérisation de la presse francophone d’Égypte »

Depuis 2004, une partie des activités du service de numérisation du CEAlex est consacrée à la presse francophone d’Égypte, mettant à profit l’expérience et l’efficacité de plusieurs agents qui traitent des milliers de pages, afin d’obtenir des documents de qualité et interrogeables. L’« océrisation », l’indexation et le développement des signets dans la version finale des fichiers pdf téléchargeables sur le site du CEAlex, permettent en effet d’effectuer des recherches soit en plein texte soit par un accès direct aux chapitres ou articles. Également accessible sur clé USB, l’ensemble des données s’élève désormais à près de 1100 documents, environ 40 000 pages ! Afin de répondre à l’intérêt grandissant que la PFE suscite au sein des chercheurs autant que des particuliers passionnés pour le riche potentiel d’études qu’elle offre, notre politique d’acquisition (par achats, prêts ou dons) s’est accrue, soutenue par une recherche documentaire systématique sur l’ensemble des titres connus.

Danielle Guiraudios, « L’interrogation en ligne de la presse francophone d’Égypte »

Traités par le service de numérisation, les exemplaires sont ensuite mis en ligne au format pdf et téléchargeables librement sur le site de la PFE.
Un formulaire permet d’interroger la base de données, de déterminer si le document recherché est disponible. La recherche peut s’effectuer selon trois critères.
Le nom du périodique nous mène à la fiche descriptive de la collection et à la liste des numéros disponibles pour ce titre, classés chronologiquement (année de publication, numéro d’ordre dans l'année). Le téléchargement se fait alors d'un simple clic.
Nous expérimentons actuellement l’affichage du sommaire de chacun des numéros de cette liste permettant de connaître d’emblée le contenu du journal ou du périodique.
On peut également trouver les exemplaires édités la même année, tous titres confondus.
Autre possibilité, la recherche en texte intégral sur l'ensemble des exemplaires disponibles en ligne, sur un titre donné, sur une année.
Une liste des nouveautés mises en ligne permet aux habitués du site d’accéder directement aux exemplaires disponibles depuis leur dernière visite.

Arnaud Ramière de Fortanier
Archiviste général
Président de l'Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez

Gilles Kraemer, « De la PFM (presse francophone mondiale et méditerranéenne) à la PFE (presse francophone d’Égypte) : cartographie et perspectives de la recherche en presse »

L’étude de la PFE – et notamment dans son souci d’intégration d’autres presses de langue étrangère dans son programme de numérisation (notamment la presse allophone méditerranéenne) – s’inscrit déjà dans un espace plus vaste de la PFM. Mais le champ ainsi ouvert est immense et ressemble encore largement à une « terra incognita ». C’est le cas d'abord parce que l’Histoire générale de la presse française en 5 volumes publiée entre 1969 et 1976 par Cl. Belanger, J. Godechot, F. Terrou, n’est pas allé jusqu’au bout de son ambition. Un volume 6 aurait dû être rédigé, consacré à la presse francophone hors de France selon l’historien de la presse P. Albert, mais le manque de financement pour un secrétariat international coordonnant les contributions des différents chercheurs de par le monde l’en a empêché. Ensuite, l’abandon de l’étude de la presse écrite par les chercheurs depuis les années 80 (au profit de celles des NTIC ou des télévisions satellitaires) a contribué à laisser en friche le secteur. Aussi, la cartographie apporte des outils utiles et signifiants pour tracer des perspectives et des repères. L’exploitation de la monumentale Histoire de la langue française des origines à nos jours (conçue en 1901 par F. Brunot et achevée en 2000 avec 25 volumes) permet de construire des cartes du monde retraçant le développement de la PFM. On voit ainsi que la moitié des pays de la Méditerranée, tout comme l’Egypte, ont connu un début d'histoire de la presse … en français.

Carte PFM-PFE
Carte PFM-PFE © Gilles Kraemer

Nivine Khaled, « Les travaux sur le PFE à l’Université d’Alexandrie. Regards sur Le Bosphore Égyptien: observation et réflexion »

Cette communication se propose d’observer Le Bosphore Égyptien, journal quotidien de langue française publié en 1878, à Port Said, puis déplacé au Caire par son nouveau propriétaire Octave Borelli Bey, avant de disparaitre en 1895. Tiré à 500 exemplaires en 1894, Le Bosphore a connu un large succès pour son époque. Journal polémique, il se distingue par ses positions nationalistes et colonialistes. Principalement journal d’opinion, il évolue graduellement pour devenir un journal d’information.
L’étude établit une comparaison entre deux numéros du Bosphore : celui du 1er janvier 1884 et celui du 1er janvier 1887 dans le but de relever les évolutions et les innovations tant dans la teneur des articles que dans leur typographie. Les éléments d’explication fournis soulignent d’une part, la position déterminante des journalistes qui se professionnalisent avec la fin du XIXe siècle, ainsi que l’avènement d’un nouveau siècle marqué par un intérêt de plus en plus fort pour l’individu comme en témoigne les pages du Bosphore Égyptien.

Noura Hussein, « Le français, langue commune en Égypte à travers la presse francophone »

« Les représentations de la langue française comme langue commune en Égypte à travers la PFE de la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle» est un mémoire de master, en cours, basé sur le corpus de la Presse Francophone d’Égypte édité par le CEAlex, dans une perspective d’étude sociolinguistique.
Notre but est de décrypter un mythe, le fait que le français était la langue commune en Égypte. Nous voulons questionner une idée reçue selon laquelle le français a été choisi plutôt qu’une autre langue nationale comme langue d’expression orale et écrite, pratiquée par les communautés étrangères.
En faisant « parler la PFE », par le biais de l’analyse de discours ou bien du métadiscours des articles où la langue française est mentionnée comme « langue commune », « langue d’intellectualisme », etc. et en examinant ces représentations,  nous pourrons illustrer la relation locuteur/langue, ce que les locuteurs de la langue française pensaient et ressentaient vis-à-vis de leur langue, à travers la PFE.

Élodie Gaden, « Images (1929-1969). Fortune d'un hebdomadaire francophone illustré mondain »

Fondé au Caire en 1929 par Émile et Choukri Zaidan (maison d'édition Dar-al-Hilal), Images paraît chaque semaine pendant quarante ans, traitant de l’actualité politique, des avancées scientifiques et du développement littéraire et culturel, dans des articles rédigés à la fois par des journalistes et des intellectuels. Images est un magazine illustré fondé sur l'usage conjoint du texte et de l'image (sur le modèle de L’Illustré et du Monde en images, deux revues arabes dont la particularité est d’aborder l’actualité à travers le prisme de la photographie).
Notre étude propose d'explorer cette revue en se penchant sur deux enjeux :
- la paradoxale valorisation de l'image, dans le contexte d'essor de la presse en langue française des années 1920 et 1930 ;
- la paradoxale valorisation de l'image dans un périodique d'actualité (l'image peut-elle transmettre la même information d'un article écrit et implique-t-elle un regard différent sur l'actualité ? ).
Notre étude chronologique cherche à dégager les grandes évolutions de ce magazine en trois moments :
- lancement d'une revue illustrée, 1929-1939 : l'essor de la sociabilité cairote ;
- le tournant de la seconde guerre mondiale : Images, une revue politique ?
- en période d'après-guerre : résistances d'Images pour une presse francophone ? (en période de reconfiguration de la politique nationale égyptienne et de désenchantement de la francophilie dans ce pays, quelle est la position de la revue Images ?).

Anne Marie Moulin, « La presse médicale égyptienne en langue française de 1899 à 1945 : protagonistes, publics et thèmes »

La Presse médicale d’Égypte offre un panorama intéressant et consistant d’une communauté médicale « égyptienne » au sens large. Elle est fondée en 1909 par le Dr Serge (ou Samuel) Voronoff, conseiller du khédive, célèbre plus tard par ses greffes ovariennes et testiculaires. L’Égypte compte alors 12 millions d’habitants, et mille médecins de toutes nationalités et formés dans toutes les facultés du monde. La communauté médicale d’Égypte dont le cosmopolitisme se reflète dans le comité scientifique apparait soudée par le prestige de la science, l’appât d’une aisance facile à obtenir, et une liberté, voire une anarchie, des pratiques cliniques et expérimentales.
À côté d’une revue de l’actualité scientifique internationale, tout en louant les bienfaits du climat égyptien pour les touristes, le journal aborde la question de la pathologie locale, qui fournit une assise de compétences spécifiques à la corporation : bilharziose ou hématurie d’Égypte, trachome ou ophtalmie d’Égypte, anémie d’Égypte (ankylostomiase). Le journal rapporte les mesures prises contre les maladies épidémiques (peste et choléra) et dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement, au sein d’un programme de modernisation sanitaire du pays. Le journal se veut de plus un forum sur l’organisation de la profession et ses problèmes légaux et éthiques. Il s’intéresse aussi à la médecine populaire, soit pour en déplorer les effets fâcheux, soit pour y rechercher des recettes thérapeutiques pérennes. Les médecins exerçant en Égypte estiment enfin avoir leur mot à dire pour rétablir une certaine objectivité dans la description des mœurs en Orient: esclavage, eunuques ou polygamie.
Le journal fait revivre un système hospitalier communautaire (copte, protestant, israélite, autrichien, allemand, français, italien, anglo-américain). La communauté médicale internationale entend maintenir Oumm al Dounya au centre du monde, irriguer de connaissances la terre des Pharaons et fournir une aire d’application des principales innovations thérapeutiques, comme le Salvarsan contre la syphilis, les sérums et les vaccins, vantés par une publicité euphorique.
Le congrès de médecine du Caire, réuni en 1928 à la demande de l’Association médicale égyptienne a marqué l’apogée de la francophonie médicale. Il commémorait la fondation de l’École de médecine cent ans plus tôt et se référait à Mohammed Ali, le père de la dynastie régnante comme le fondateur de l’Égypte moderne. Jonglant avec les souvenirs de l’Égypte pharaonique et la grandeur de la médecine arabe médiévale, les orateurs célébraient une médecine moderne au centre du monde, comme l’Égypte elle-même, en raison de sa position géostratégique et du caractère international de ses équipes scientifiques.

Francesca Rondinelli, « L’antifascisme en Égypte pendant la seconde guerre mondiale : Giustizia e Libertà et ses rapports avec Art et Liberté  »

D’un rassemblement de lycéens alexandrins non alignés avec le nationalisme de l’importante communauté italienne, le groupement Giustizia e Libertà en Égypte se structurera graduellement autour des idéaux d’un nouvel humanisme basé sur la justice sociale et la liberté, surtout grâce à l’action de P. Vittorelli au début des années quarante. Né en 1929 à Paris autour de C. Rosselli et d’autres émigrés antifascistes, le mouvement de Giustizia e Libertà se revendique de la tradition libérale du Rinascimento, en réunissant républicains de gauche, libéraux et socialistes anti-staliniens.
À la déclaration de la guerre, sous la pression des autorités anglaises, le gouvernement égyptien fit interner dans des camps un grand nombre d’Italiens, de peur qu’ils ne constituent une cinquième colonne. À cette communauté déchue et enfermée et aux militaires prisonniers, P. Vittorelli adressa d’abord un bulletin d’informations, puis en 1941 un quotidien, Il Corriere d’Italia, avec l’objectif d’informer sur l’actualité et l’espoir de former des antifascistes. Une rubrique était consacrée aux textes des émissions de Radio Cairo qu’U. Calosso, activiste de Giustizia e Libertà et journaliste, animait avec l’écrivaine communiste F. Cialente, jusqu’en 1943. Soutenu par les Britanniques, qui menaient une politique éditoriale modérée par le biais de la Société Orientale de Publicité, propriétaire des plus grands noms de la presse allophone en Égypte, le groupe Giustizia e Libertà créa une maison d’édition et eût également le projet de fonder un journal en Palestine, Il Secondo Risorgimento, en 1942, au moment où au Caire paraissait le bulletin La Situation italienne, d’abord en français puis en anglais jusqu’à fin 1943. Giustizia e Libertà, qui comptait à côté de P. Vittorelli, l’écrivain turinois St. Terra, U. Calosso et E. Sereni, publia, en 1944, un hebdomadaire et six cahiers mensuels, dans lesquels la proximité est évidente avec le groupement artistique égyptien « Art et Liberté », proche du surréalisme, fondé par G. Henein, R. Younane, L. Soliman, A. Cossery, entre autres. Animateur de cinq salons artistiques entre 1940 et 1945, le groupe collaborait avec plusieurs journaux francophones et arabophones, et fonda la maison d’éditions Masses, qui publia des pamphlets de G. Henein et de St. Terra. La volonté qui anime les publications des deux groupes antifascistes est commune : informer le public sur les questions brûlantes de l’actualité et sur la culture de l’autre côté de la Méditerranée, tout en essayant de l’éduquer à une liberté de conscience jusqu’alors presque inconnue en Égypte, en jouant un rôle important dans les échanges entre l’Europe et l’Orient pendant les années troubles de la guerre.

Maéva Bovio, « La réception des récits de voyage en Orient par la presse francophone d’Égypte et du Liban, pendant la période de l’entre-deux-guerres »

En 1929, Élian J. Finbert, l'un des intellectuels francophones égyptiens les plus actifs de l'entre-deux-guerres, dénonce vigoureusement la vogue française des récits de voyage dans un « Orient » fantasmé, si ce n'est « inventé » par les Occidentaux :

Les mirages de l'Orient ont de tout temps attiré les écrivains voyageurs. Mine fabuleuse, ils y viennent en pèlerins dévotieux s'agenouiller devant des richesses barbares. […] Ils nous donnent ainsi de temps en temps quelque livre dont la nouveauté frappe l’esprit du lecteur crédule, livre le plus souvent de valeur inégale qui, ajouté au bric-à-brac de toute cette creuse littérature exotique, contribue à perpétuer de génération en génération tout un amas de préjugés et de clichés acceptés sans que nul n’ait songé à en faire la révision. […] Des deux côtés de la muraille [entre Orient et Occident], il semble bien que ce soient ces livres qui se sont constitués les gardiens vigilants de l'incompréhension et de l'impénétrabilité » (Élian J. Finbert, « Orient & Occident », La Revue du Liban, 1er janvier 1929).

Ce jugement péremptoire reflète-t-il l'opinion commune des critiques littéraires francophones du Proche-Orient ? Cette étude s'attache à dégager les caractéristiques de la réception proche-orientale des récits de Voyages en Orient pendant la période de l'entre-deux-guerres. Pour cela sont analysés des comptes rendus de lecture parus dans divers périodiques d’Égypte et du Liban (notamment La Semaine égyptienne, L'Égypte nouvelle, Messages d'Orient et La Revue du Liban), sur les récits de quelques voyageurs français tels que Claude Aveline, Louis Bertrand, Francis Carco ou encore Roland Dorgelès. Ces récits sont souvent mis en regard avec des « récits de séjour » rédigés par des auteurs locaux, Français installés au Proche-Orient ou écrivains égyptiens ou libanais d'expression française. La réception proche-orientale de ces récits de voyage, privilégiant une approche politique, polémique et souvent distincte de la réception française des mêmes textes, semble en effet s'inscrire dans la naissance de la littérature francophone du Proche-Orient.

 

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mise en ligne : avril 2009
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