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La Presse Francophone d'Égypte numérisée - PFEnum |
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Les presses allophones en Méditerranée Athènes, mardi 11 et mercredi 12 mars 2014 Jean-Yves Empereur Diana Cooper-Richet, « Le groupe TRANSFOPRESS : Réseau Transnational pour l’étude de la presse en langues étrangères » Transfopress (1) est né en novembre 2012 à l’initiative de chercheurs du Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, à la suite d’un appel lancé en anglais, espagnol, français et portugais, le plus largement possible au sein de la communauté académique internationale. Plus d’une centaine de collègues, d’une quinzaine pays, ont manifesté leur intérêt pour ce domaine de recherche peu exploré. Associé au Labex Patrima, au Centre d’Études Alexandrines (CEAlex), à la BnF et à la BDIC, Transfopress a organisé sa première Rencontre à la BnF, les 27 et 28 novembre 2013, afin de comparer les expériences de recherche, mais également d’aborder la question de la conservation de ces documents. La deuxième Rencontre est prévue à São Paulo, (Brésil), en novembre 2014. (1) Voir la page Transfopress sur le site academia.org (retour) Géraldine Poels, « Les études sur la presse en langues étrangères : une historiographie éclatée, des perspectives communes » Les presses allophones apparaissent toujours comme un objet scientifique et patrimonial méconnu, alors qu’on peut faire remonter les premières études les concernant au début du XXe siècle, et qu’une première recherche bibliographique nous a permis de repérer environ 500 références. Cette ignorance est la conséquence d’une historiographie éclatée, dont les différents courants mobilisent des paradigmes concurrents et qui, jusqu’à récemment, dialoguaient peu entre eux. Dans cette communication, nous proposons un bilan des apports des quatre courants historiographiques principaux (l’histoire de l'immigration, l’histoire de l’imprimé, l’histoire de la presse ancienne et l’histoire de la francophonie). Puis nous proposons, pour remédier à cet éclatement, des pistes de recherches communes, à partir des réflexions collectives menées dans le cadre du réseau international « Transfopress » qui fédère, depuis 2012, une centaine de chercheurs spécialistes des presses allophones. Philippe Mezzasalma, « Journaux méditerranéens publiés en France, presse en français en Méditerranée : regards croisés sur les identités méditerranéennes au sein des collections de la BnF » Lorans Tanatar Baruh, « La presse francophone ottomane en ligne: histoire et numérisation » Cette communication se concentre sur le projet de la numérisation de la presse francophone dans l’Empire ottoman du XIXe siècle à 1930, qui a eu lieu avec la collaboration de la Bibliothèque nationale de France, l’Institut français des études anatoliennes, la Bibliothèque d’Atatürk et SALT. Le but du projet a été de rassembler cette presse francophone publiée dans tout le territoire ottoman et la méditerranée orientale, à l’exception de l’Égypte, et même plus encore puisque la presse ottomane publiée dans divers pays de l’Europe y est incluse. Cette presse qui, à un moment, a été écrite en français par des sujets ottomans, citoyens français et d’un pays tiers, soit pour défendre leurs intérêts, soit pour attaquer leur gouvernement, soit simplement par intérêt commercial, ne fut pas obligatoirement pro-française, mais reflétait la société ottomane de l’époque, où différents groupes s’éveillaient à des notions de modernisme dans une vaste géographie gouvernée par la Sublime Porte. Elli Droulia, « Les collections de la presse hellénophone d'Égypte et de la presse francophone de Grèce à la Bibliothèque du Parlement grec » La presse grecque parut bien avant la fondation de l’état grec moderne en 1832; elle était alors associée à la diaspora. Pendant la Révolution de 1821 et dès le début de l’état grec, journaux et empreints de nature périodique en langues étrangères circulaient en Grèce à des fins diverses. Tous les journaux allophones d’informations étaient en langue française : Le Courrier d’Orient (6/12/1828-21/10/1829), Le Courrier de la Grèce (1-13/11/1829-1-13/02/1932), Le Miroir Grec (1832-1833), L’Abeille Grecque de Syra (1832) et Le Moniteur Grec (1832-1833). La langue de publication (grecque, étrangère/allophone, bi-trilingue), le lectorat (grec, hellénophone, étranger, situé en Grèce ou ailleurs) ainsi que le lieu de publication méritent notre attention. Despina Provata, « La presse francophone grecque : revendications nationales et ouverture vers l’Europe » La presse francophone grecque naît au moment de la guerre de l’Indépendance et devient l’organe des philhellènes qui voulaient informer l’Europe sur les événements de la guerre. Leurs initiatives seront encouragées et soutenues même par le gouvernement qui en reconnaît vite l’utilité. Aussitôt après la constitution du jeune état grec, ces feuilles, tantôt rédigées exclusivement en langue française, tantôt bilingues commencent à se multiplier. Certains de ces journaux, ont connu une longévité exceptionnelle et d’autres n’ont pas dépassé les quelques numéros. Ils présentent également une grande diversité quant au contenu, au public cible ou encore quant à la périodicité et le lieu de publication, qui dépasse souvent les frontières de l’État. Mais ils se mettent tous au service d’un objectif commun : devenir le porte-parole de l’hellénisme à l’étranger et servir de passerelle culturelle entre la France et la Grèce. Lucile Arnoux-Farnoux, « La presse francophone grecque et la promotion de la culture néo-hellénique au XXe siècle : le cas du journal Le Monde Hellénique (1906-1910) » La presse francophone grecque, à la différence d’autres presses allophones, n’est en aucune manière à mettre en relation avec un mouvement d’immigration ni même avec la présence d’une colonie étrangère sur le sol grec. Elle est produite par une élite grecque et/ou cosmopolite francophone adoptant la langue française afin de toucher un lectorat non hellénophone en Grèce mais surtout en France et dans les pays francophones, et de diffuser auprès de lui une certaine image de la Grèce. L’exemple le plus caractéristique de cette presse francophone est Le Messager d’Athènes, journal doté d’une extrême longévité puisqu’il paraît à Athènes de 1875 à 1980. Le Monde Hellénique, d’une durée de vie beaucoup plus brève (avril 1906-avril 1910), n’en présente pas moins un grand intérêt. Les deux personnalités qui l’animent – le fondateur, Spyridon Pappas, journaliste et historien de culture française, et le rédacteur en chef, l’homme de lettres Jean Dargos – sont caractéristiques de cette élite cosmopolite que l’on trouve à la tête de la presse francophone grecque. Le journal, édité à Athènes mais distribué également à Paris, successivement bi-hebdomadaire, hebdomadaire puis quotidien, est d’abord francophone avant de devenir, la dernière année, bilingue, sous le titre de Ελληνικός Κόσμος. Si le souci d’informer le public grec cultivé de l’actualité culturelle française est très présent, la principale mission que se fixe la rédaction est toutefois de faire connaître la Grèce contemporaine à l’étranger « non seulement la Grèce politique, mais la Grèce littéraire, la Grèce scientifique, la Grèce artistique ». Dans le domaine politique, la rédaction s’intéresse surtout à la politique extérieure de la Grèce et à la question de l’Hellénisme – c’est-à-dire au problème posé par les régions où vivent traditionnellement des communautés grecques mais qui ne sont pas encore rattachées au territoire national. Elle suit ainsi de près la question macédonienne et surtout la question crétoise, afin d’informer le public européen et de soutenir les revendications des Crétois, qui demandent depuis des décennies leur rattachement à la Grèce et l’obtiendront finalement en 1913, après de nombreuses révoltes et la médiation des Grandes Puissances. Dans le domaine culturel, outre des articles de fond très documentés (sur la vie théâtrale ou la situation de l’édition en Grèce, par exemple), le journal œuvre pour la reconnaissance de la littérature grecque la plus contemporaine. Le Monde Hellénique est en particulier le premier à publier en français des traductions du poète Costis Palamas (1859-1943), déjà au sommet de sa gloire, mais aussi du grand prosateur Alexandre Papadiamantis (1851-1911), dont le génie ne sera véritablement reconnu qu’après sa mort. Lampros Flitouris, « La presse francophone de Salonique (XIXe s.-1912) » Thessalonique ou Salonique, la capitale du pachalik de Macédoine et la deuxième ville la plus peuplée de l’Empire Ottoman, est un exemple particulier de l’influence qu’avaient la langue et la culture françaises dans la région. Nœud commercial, centre économique avec un réel passé historique, population multinationale et très active, Salonique a attiré l’intérêt des Européens grâce aux atouts dont elle disposait en matière d’activités financières Le français deviendra la lingua franca de la population multicolore de la ville où on observe l’élaboration d’une information francophone présentant beaucoup de points communs avec ce qui a pu se développer à Alexandrie ou Smyrne. Notre intervention concerne la période des réformes de l’Empire, c’est-à-dire des années 1870 aux guerres balkaniques et le rattachement de la ville au royaume hellénique. Dans la ville, la tradition francophone était forte grâce aux écoles catholiques, aux écoles de l’Alliance Israélite Universelle et à la Mission Laïque. Melina Panagou, « Un journal bilingue du début du XXe siècle : Le Courrier d’Orient/Tachydromos tis Anatolis, Athènes 1903-1905 » Le Courrier d’Orient est un périodique franco-hellénique qui a circulé entre 1903 et 1905 à Athènes et dans la diaspora grecque, sous deux éditions distinctes, grecque et francophone. L’orientation idéologique du journal est ultranationaliste, d’autant que le nouvel État grec était encore en quête de son identité nationale. Cette orientation se reflète tant dans sa prise de position sur la polémique linguistique et la question de la Macédoine que dans sa persistance à raviver les sentiments philhellènes disqualifiés au profit du panslavisme. Alessandra Marchi, « La presse italophone d’Égypte » Patrizia Manduchi, « La presse italophone de Tunisie » L’object de ma communication est l’histoire de la presse italienne en Tunisie, en particulier dès années trente jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Alessandra Marchi, « Les anarchistes italiens en Égypte d’après la presse italophone d’Égypte » Marie-Delphine Martellière, « Les récents progrès de la numérisation de la presse francophone d’Égypte » Depuis 2004, une partie des activités du service de numérisation du CEAlex est consacrée à la presse francophone d’Égypte, mettant à profit l’expérience et l’efficacité de plusieurs agents qui traitent des milliers de pages, afin d’obtenir des documents de qualité et interrogeables. L’« océrisation », l’indexation et le développement des signets dans la version finale des fichiers pdf téléchargeables sur le site du CEAlex, permettent en effet d’effectuer des recherches soit en plein texte soit par un accès direct aux chapitres ou articles. Également accessible sur clé USB, l’ensemble des données s’élève désormais à près de 1100 documents, environ 40 000 pages ! Afin de répondre à l’intérêt grandissant que la PFE suscite au sein des chercheurs autant que des particuliers passionnés pour le riche potentiel d’études qu’elle offre, notre politique d’acquisition (par achats, prêts ou dons) s’est accrue, soutenue par une recherche documentaire systématique sur l’ensemble des titres connus. Danielle Guiraudios, « L’interrogation en ligne de la presse francophone d’Égypte » Traités par le service de numérisation, les exemplaires sont ensuite mis en ligne au format pdf et téléchargeables librement sur le site de la PFE. Arnaud Ramière de Fortanier Gilles Kraemer, « De la PFM (presse francophone mondiale et méditerranéenne) à la PFE (presse francophone d’Égypte) : cartographie et perspectives de la recherche en presse » L’étude de la PFE – et notamment dans son souci d’intégration d’autres presses de langue étrangère dans son programme de numérisation (notamment la presse allophone méditerranéenne) – s’inscrit déjà dans un espace plus vaste de la PFM. Mais le champ ainsi ouvert est immense et ressemble encore largement à une « terra incognita ». C’est le cas d'abord parce que l’Histoire générale de la presse française en 5 volumes publiée entre 1969 et 1976 par Cl. Belanger, J. Godechot, F. Terrou, n’est pas allé jusqu’au bout de son ambition. Un volume 6 aurait dû être rédigé, consacré à la presse francophone hors de France selon l’historien de la presse P. Albert, mais le manque de financement pour un secrétariat international coordonnant les contributions des différents chercheurs de par le monde l’en a empêché. Ensuite, l’abandon de l’étude de la presse écrite par les chercheurs depuis les années 80 (au profit de celles des NTIC ou des télévisions satellitaires) a contribué à laisser en friche le secteur. Aussi, la cartographie apporte des outils utiles et signifiants pour tracer des perspectives et des repères. L’exploitation de la monumentale Histoire de la langue française des origines à nos jours (conçue en 1901 par F. Brunot et achevée en 2000 avec 25 volumes) permet de construire des cartes du monde retraçant le développement de la PFM. On voit ainsi que la moitié des pays de la Méditerranée, tout comme l’Egypte, ont connu un début d'histoire de la presse … en français.
Nivine Khaled, « Les travaux sur le PFE à l’Université d’Alexandrie. Regards sur Le Bosphore Égyptien: observation et réflexion » Cette communication se propose d’observer Le Bosphore Égyptien, journal quotidien de langue française publié en 1878, à Port Said, puis déplacé au Caire par son nouveau propriétaire Octave Borelli Bey, avant de disparaitre en 1895. Tiré à 500 exemplaires en 1894, Le Bosphore a connu un large succès pour son époque. Journal polémique, il se distingue par ses positions nationalistes et colonialistes. Principalement journal d’opinion, il évolue graduellement pour devenir un journal d’information. Noura Hussein, « Le français, langue commune en Égypte à travers la presse francophone » « Les représentations de la langue française comme langue commune en Égypte à travers la PFE de la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle» est un mémoire de master, en cours, basé sur le corpus de la Presse Francophone d’Égypte édité par le CEAlex, dans une perspective d’étude sociolinguistique. Élodie Gaden, « Images (1929-1969). Fortune d'un hebdomadaire francophone illustré mondain » Fondé au Caire en 1929 par Émile et Choukri Zaidan (maison d'édition Dar-al-Hilal), Images paraît chaque semaine pendant quarante ans, traitant de l’actualité politique, des avancées scientifiques et du développement littéraire et culturel, dans des articles rédigés à la fois par des journalistes et des intellectuels. Images est un magazine illustré fondé sur l'usage conjoint du texte et de l'image (sur le modèle de L’Illustré et du Monde en images, deux revues arabes dont la particularité est d’aborder l’actualité à travers le prisme de la photographie). Anne Marie Moulin, « La presse médicale égyptienne en langue française de 1899 à 1945 : protagonistes, publics et thèmes » La Presse médicale d’Égypte offre un panorama intéressant et consistant d’une communauté médicale « égyptienne » au sens large. Elle est fondée en 1909 par le Dr Serge (ou Samuel) Voronoff, conseiller du khédive, célèbre plus tard par ses greffes ovariennes et testiculaires. L’Égypte compte alors 12 millions d’habitants, et mille médecins de toutes nationalités et formés dans toutes les facultés du monde. La communauté médicale d’Égypte dont le cosmopolitisme se reflète dans le comité scientifique apparait soudée par le prestige de la science, l’appât d’une aisance facile à obtenir, et une liberté, voire une anarchie, des pratiques cliniques et expérimentales. Francesca Rondinelli, « L’antifascisme en Égypte pendant la seconde guerre mondiale : ‟Giustizia e Libertà” et ses rapports avec ‟Art et Liberté” » D’un rassemblement de lycéens alexandrins non alignés avec le nationalisme de l’importante communauté italienne, le groupement Giustizia e Libertà en Égypte se structurera graduellement autour des idéaux d’un nouvel humanisme basé sur la justice sociale et la liberté, surtout grâce à l’action de P. Vittorelli au début des années quarante. Né en 1929 à Paris autour de C. Rosselli et d’autres émigrés antifascistes, le mouvement de Giustizia e Libertà se revendique de la tradition libérale du Rinascimento, en réunissant républicains de gauche, libéraux et socialistes anti-staliniens. Maéva Bovio, « La réception des récits de voyage en Orient par la presse francophone d’Égypte et du Liban, pendant la période de l’entre-deux-guerres » En 1929, Élian J. Finbert, l'un des intellectuels francophones égyptiens les plus actifs de l'entre-deux-guerres, dénonce vigoureusement la vogue française des récits de voyage dans un « Orient » fantasmé, si ce n'est « inventé » par les Occidentaux : Les mirages de l'Orient ont de tout temps attiré les écrivains voyageurs. Mine fabuleuse, ils y viennent en pèlerins dévotieux s'agenouiller devant des richesses barbares. […] Ils nous donnent ainsi de temps en temps quelque livre dont la nouveauté frappe l’esprit du lecteur crédule, livre le plus souvent de valeur inégale qui, ajouté au bric-à-brac de toute cette creuse littérature exotique, contribue à perpétuer de génération en génération tout un amas de préjugés et de clichés acceptés sans que nul n’ait songé à en faire la révision. […] Des deux côtés de la muraille [entre Orient et Occident], il semble bien que ce soient ces livres qui se sont constitués les gardiens vigilants de l'incompréhension et de l'impénétrabilité » (Élian J. Finbert, « Orient & Occident », La Revue du Liban, 1er janvier 1929). Ce jugement péremptoire reflète-t-il l'opinion commune des critiques littéraires francophones du Proche-Orient ? Cette étude s'attache à dégager les caractéristiques de la réception proche-orientale des récits de Voyages en Orient pendant la période de l'entre-deux-guerres. Pour cela sont analysés des comptes rendus de lecture parus dans divers périodiques d’Égypte et du Liban (notamment La Semaine égyptienne, L'Égypte nouvelle, Messages d'Orient et La Revue du Liban), sur les récits de quelques voyageurs français tels que Claude Aveline, Louis Bertrand, Francis Carco ou encore Roland Dorgelès. Ces récits sont souvent mis en regard avec des « récits de séjour » rédigés par des auteurs locaux, Français installés au Proche-Orient ou écrivains égyptiens ou libanais d'expression française. La réception proche-orientale de ces récits de voyage, privilégiant une approche politique, polémique et souvent distincte de la réception française des mêmes textes, semble en effet s'inscrire dans la naissance de la littérature francophone du Proche-Orient.
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mise en ligne : avril 2009 |
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